Cher(e) toi,

Bon, tout d'abord, désolé d'avoir été absent de ta boîte mail pendant un mois. Mais je suis en train de terminer mon livre ("Manuel pour penser par soi-même dans le chaos de l'info", à paraître chez Eyrolles en 2023). Et comme je suis dans le sprint final, je ne fais plus que ça depuis 3 semaines : je dors avec mon livre, je prends ma douche avec mon livre, je petit-déjeune avec mon livre, bref, j'ai l'impression de vivre en tête à tête avec mon cerveau 24h/24 et 7 jours sur 7.

C'est impressionnant la fatigue physique que provoque l'activité mentale qui consiste à faire des recherches, à réfléchir et à écrire. Mais ce n'est pas désagréable, comme après une séance de sport. Et mon cerveau ne sature (presque) pas. On appelle ça l'état de flux. Je vais te raconter, c'est assez étonnant. Et ça commence par faire le vide de plein de trucs.

❤️ Avant de commencer, si tu ne me connais pas, je me présente : je suis Benoît Raphaël, co-fondateur de Flint. Et un dimanche sur deux, je réfléchis avec toi sur la façon dont nous pouvons parvenir à penser par nous-mêmes dans le chaos de l'info. Dans cette édition nous parlerons : du jeûne d'amis et de ses avantages, d'un outil impressionnant qui te permet de poser des questions à une intelligence artificielle et de recevoir des réponses nuancées (ça change !), et de la famille Addams. Hum. ❤️



C'est le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi qui lui a trouvé ce nom : l'état de flow (en anglais, on dit "flow" plus que "flux"). Il s'agit d'un "état de concentration sans effort, si profond que [les gens] perdent la notion du temps, d'eux-mêmes, de leurs problèmes". Alors c'est précisément c'est ce que je ressens depuis quelques semaines.

Dans son livre "Système 1, Système 2" (Flammarion), Daniel Kahneman donne plus d'explications : "Dans un état de flux, le maintien d'une attention soutenue sur ces activités absorbantes ne requiert aucune application du contrôle de soi, ce qui libère des ressources, que l'on peut alors appliquer à la tâche en cours."

Pourquoi parle-t-il du contrôle de soi  ? Parce que l'on ne se force pas.

Pourquoi ? Alors il y a plusieurs raisons. Le contrôle de soi, c'est quoi ? C'est quand nous essayons de résister à toutes les distractions qui nous font des grands signes avec la main, ou qui nous tapent sur le nez avec leur petit doigt en criant "hep ! hep ! regarde ça !"

Ce petit bonhomme qui nous vole notre attention il a plusieurs visages. Et le premier d'entre eux : c'est la pression sociale.

Dans les deux précédentes lettres (je ne te mets pas de liens, exprès, je t'expliquerai plus tard, c'est une expérience...) je t'ai parlé de la raison pour laquelle nous étions si facilement accros aux réseaux sociaux, et pourquoi ça avait tendance à nous déprimer au bout d'un moment. Je t'ai expliqué dans un premier temps que c'était lié au fonctionnement de notre cerveau. De nombreuses études, dont certaines par neuro-imagerie, montrent que "le besoin de créer des liens sociaux serait encore plus fondamental que celui de trouver de la nourriture, ou un abri pour se protéger".

Conséquence : les autres nous "stressent". Pourquoi ? Parce que nous évaluons en permanence leur statut social par rapport au nôtre, et ce plus ou moins consciemment.

Alors tout le monde ne ressent pas ça évidemment, mais disons que l'autre ne nous laisse jamais indifférent. Il nous stresse positivement ou négativement parce nous sommes conçus comme cela. C'est à dire ?



Eh bien dans une autre lettre, si tu te souviens, je t'avais parlé des neurones miroirs. Ces neurones, qu'on pourrait appeler neurones de l'empathie, te permettent d'apprendre des autres par imitation. Mais ils ont aussi un effet secondaire un peu pénible, si j'ose dire : il te poussent à regarder ce que fait ton voisin en permanence afin de savoir si tu as réussi ou pas dans la vie.

C'est cet état qui provoque ce qu'on appelle le FOMO, la peur de rater quelque chose. C'est cette peur qui fait que nous nous surchargeons d'informations. On se force à capter des tas d'informations qui ne nous servent à rien, et que les algorithmes nous poussent joyeusement, juste parce que l'on a peur de rater une opportunité. Et c'est aussi pour cela que l'on regarde, trop souvent, ce que font les autres ou ce qu'ils pensent de nous. S'ils nous aiment par exemple. Par peur d'être rejetés, mais aussi parce que leurs objectifs de réussite deviennent parfois les nôtres. Mais les deux sont liés.

Pour ta culture personnelle, cette manie que nous avons de nous comparer aux autres pour nous fixer des objectifs dans la vie a un nom scientifique.

On appelle ça “
la comparaison sociale”. La théorie a été développée pour la première fois en 1954 par le psychosociologue Léon Festinger.


La question que l’on peut se poser à partir de là c’est : dans quelle mesure ce réflexe de comparaison sociale nous rend heureux ou malheureux. Globalement, les études que j’ai pu lire sur le sujet concluent que ça dépend de ton niveau d’estime de toi.

Si tu as  une faible opinion de toi-même, te comparer aux autres, surtout s'ils semblent avoir un statut social plus élevé, te déprimera encore plus. Je dis “semble avoir un statut plus élevé” parce qu'il faudrait encore définir ce que veut dire "plus élevé". Et qu'en plus, avec les réseaux sociaux par exemple, on ne sait jamais.

Instagram c’est un peu le photoshop de la vie : on efface les moments relous et on ne garde que le cliché ou la vidéo, bien cadrée, qui va montrer aux autres combien notre vie est formidable.

Mais, au fait, c’est quoi l’estime de soi ? Je veux dire, est-ce un truc complètement subjectif ou est-ce que ça se calcule ? Alors figure-toi que les scientifiques, qui adorent tout mettre dans des formules, ont effectivement une méthode pour calculer ce sentiment qui nous pourrit parfois la vie.

Pour mesurer notre niveau d’estime de nous-mêmes, les chercheurs utilisent le modèle Rosenberg inventé par le sociologue du même nom, Morris Rosenberg. Ce modèle attribue un score entre 0 à 30 en fonction de tes  réponses à 10 questions. Avant de poursuivre, je te propose de faire l’exercice toi-même : 

L’échelle d'estime de soi de Rosenberg


Alors il faut tu lises chaque affirmation et que tu la notes avec un chiffre 0, 1, 2 ou 3 qui indique dans quelle mesure l'affirmation s'est appliquée à toi au cours des deux dernières semaines. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Et ne consacre pas trop de temps à chaque affirmation. Réponds vite !

Comment noter ?
0 = Pas du tout d'accord / 1 = Pas d'accord / 2 = D'accord / 3 = Tout à fait d'accord

⚠️ Attention ! Les questions marquées d’un (R) sont à calculer à l’envers :
3 = Pas du tout d'accord / 2 = Pas d'accord / 1 = D'accord / 0 = Tout à fait d'accord

À toi !

  1. J'ai le sentiment d'être une personne de valeur, au moins sur un pied d'égalité avec les autres. 
  2. Je pense que j'ai un certain nombre de bonnes qualités.
  3. Dans l'ensemble, je suis enclin à penser que je suis un(e) raté(e) (R)
  4. Je suis capable de faire les choses aussi bien que la plupart des gens.
  5. J'estime que je n'ai pas beaucoup de raisons d'être fier(e) de moi  (R)
  6. J'adopte une attitude positive envers moi-même
  7. Dans l'ensemble, je suis satisfait(e) de moi-même
  8. J'aimerais avoir plus de respect pour moi-même  (R)
  9. Il m'arrive certainement de me sentir inutile  (R)
  10. Il m'arrive de penser que je ne suis pas bon(ne) du tout  (R)

Alors, quel score ? Moi je suis à 20.  Si ton score est inférieur à 15, cela veut peut-être dire qu’il faudrait changer quelque chose dans ta vie. Ou plus simplement : changer la façon dont tu te vois ! Note le quelque part et reviens-y dans quelques mois pour voir si ça a évolué !

Au passage, cette phrase est quand même super violente, je trouve :  "Dans l'ensemble, je suis enclin à penser que je suis un(e) raté(e)" Qui pense vraiment ça ? Et pourquoi le pense-t-on ? Raté(e) par rapport à quel critère ? Quelle norme ? Et si c’était parce que l’on se comparait aux autres ?

Pour Morris Rosenberg, c’est l’environnement social (lequel démarre dès l’enfance) qui détermine la façon dont l’être humain s’évalue.

Les groupements sociaux  (famille, voisins, communauté religieuse, nationale…) "imposent à l'enfant un style de vie caractéristique, un ensemble de valeurs, un système de croyances et d'idéaux qui, de façon cachée, imperceptible, involontaire, mais non moins puissante, fournissent les bases du jugement de soi", écrit-il. "Dans un contexte différent, l'enfant serait différent et se verrait différemment."

Les scientifiques appellent ça la théorie du “sociomètre”. De quoi s’agit-il ?

Eh bien d’une sorte d’outil interne de mesure de notre valeur, mais qui dépend directement du regard des autres : "L'estime de soi est une mesure psychologique du degré auquel les gens perçoivent qu'ils sont appréciés sur le plan relationnel et acceptés socialement par d'autres personnes”, décrit le père de cette théorie en 1995, le neuroscientifique Mark R. Leary.

Selon lui, “l’estime de soi peut en fait être appelée de manière plus appropriée 'estime sociale'".

En gros, nous nous évaluons nous-mêmes "en fonction de la perception de l'acceptation ou du rejet par les autres".  C’est une des particularité de l’être humain, commente Rosenberg : "Il est à la fois l'observateur et l'observé, le juge et le jugé, l'évaluateur et l'évalué…"



"L’enfer c’est les autres" écrivait Jean-Paul Sartre (Huis-Clos, 1943), mais est-ce prouvé ?

Peut-on trouver des traces de cet enfer collectif dans lequel nous nous condamnons ou chérissons parfois les uns les autres (mais c’est au fond la même chose) dans notre cerveau ? C’est ce qu’une équipe de chercheurs du MIT, emmenée par le même Mark Leary à tenté de démontrer.

Dans une expérimentation incluant 19 personnes placées sous Imagerie à résonnance magnétique (IRM), ils ont demandé à chacun d’évaluer l’autre en appuyant sur des boutons lapidaires du genre “chiant”, “inintéressant”, “arrogant”, ou au contraire “intelligent”, “amusant”, ou “amical” tout en regardant ce qu’il se passait dans leur cerveau. Les chercheurs ont confirmé  que non seulement notre estime de nous  baisse lorsque nous faisons face à un rejet social (mais ce n’était pas une très grosse surprise), mais surtout que les régions du cerveau impliquées au moment où nous effectuions ce jugement catastrophique sur nous-mêmes étaient les mêmes que celles impliquées dans la détection du rejet des autres vis à vis de nous-mêmes. En résumé, “je suis ce que l’autre pense de moi”.

Wow. Enfin moi de découvrir ça, ça m'a fait cet effet.

Tout cela nous ramène à notre histoire d'état de flux. En écrivant mon livre, je me suis justement retrouvé dans cet état de flux parce que je me suis coupé de toutes les sollicitations que me cerveau recherchait en permanence pour se stabiliser.

Dans "Stolen Focus", un livre qui parle des problèmes d'attention lié à un usage excessif des écrans, l'écrivain et journaliste Yohann Ari raconte comment il a lui-même retrouvé cet état. Il s'est déconnecté de tous les écrans pendant trois mois, s'est remis à lire des livres, et a pris le temps de se promener sur la plage.

Moi, ça a été de partir à l'autre bout du monde et de me déconnecter de mon environnement... social. J'ai réalisé que ce n'était pas les écrans qui me fatiguaient le plus, mais plutôt mes relations à Paris.



Quand je suis arrivé à Bali, j'ai donc fait un "jeûne d'amis". Je t'explique.

Je me suis coupé pour un temps, distance oblige, de l'essentiel de mes relations sociales. La plupart, je m'en rendais compte, étaient toxiques. Mais j'ai compris aussi qu'elles l'étaient parce la façon dont je les vivais rendaient les autres toxiques. Je ne sais pas toi, mais moi je suis un introverti. Être introverti a des tas d'avantages (j'ai fini par le comprendre !), mais ça a pour effet que l'on manque de confiance en soi. Du coup on prend toutes les marques d'intérêt ou d'affection comme positives. Et on ne filtre pas. En tout cas moi je ne filtrais pas du tout.

J'ai donc fait un jeûne d'amis, comme on fait un jeûne de nourriture. J'ai appris à être bien avec moi-même, à ne pas craindre la solitude. Et au bout de quelques semaines, je me suis recréé sur place un environnement social à l'autre bout du monde, mais sur des bases plus saines. Déjà,  j'arrête d'appeler tout le monde "mes amis".

Ce qui a changé aussi, c'est que je me suis donné 3 objectifs pour les 12 mois à venir (pas plus, pas moins) :
écrire un livre en voyageant, apprendre quelque chose de nouveau, et atteindre la stabilité financière pour Flint. Bon, on n'a pas encore atteint le dernier objectif mais on s'en rapproche. Mais surtout cet exercice m'a permis d'éliminer toutes les sollicitations qui ne me permettaient pas de remplir ces trois objectifs. Ça parait tout bête mais ça a tout changé.

Parce que je me suis donné la liberté de prendre le temps de faire ce travail en éliminant au maximum toutes les autres distractions. Mais aussi parce que j'adore ça, et parce que ça a du sens. As-tu déjà ressenti cet état ? Moi ça m'a révélé pas mal de choses sur notre façon de travailler et de vivre. Avant j'étais toujours fatigué, aujourd'hui c'est une "bonne fatigue", et je peux écrire toute la journée.

Voilà. J'espère que ça t'a été utile ! Dis moi comment ça se passe pour toi, ton rapport aux autres, et en quoi ça peut t'influencer sur les objectifs que tu te donnes. Et si ça peut finir par créer, au bout d'un moment, un sentiment de saturation !

🤖 (Et Merci à la version 4 de  l'IA de Midjourney (et à Totoro) pour les illustrations !)
POURQUOI JE N'AI PAS MIS DE LIENS DANS CE TEXTE ?

Alors excellente question ! Parce qu'une étude (que tu trouveras dans le livre de Nicholas Carr, "The Shallows") a démontré que lorsque l'on met des liens, on comprend moins bien le texte qu'avec un texte linéaire, et que l'on a plus de mal à se concentrer. C'était donc un test. Tu me diras.

Voici les liens vers les études citées :
1. La thèse d'Audrey Breton (Bases neuronales et cognitives du traitement de la
hiérarchie sociale chez l’humain
)
2. Le test de Rosenberg.
3. La théorie du "sociomètre" de Mark Leary.
4. Et son étude "wow" par IRM.
💡 INSPIRATIONS
Faut-il souhaiter la fin des réseaux sociaux ?
francetvinfo.fr -  4 déc.
Faut-il souhaiter la fin des réseaux sociaux ?

Ça devient de plus en plus compliqué de s'informer sur le rachat de Twitter, ça tire à boulets rouges partout, entre les hurlements anti-Musk qui annoncent l'apocalypse populiste et ceux qui continuent de vénérer le milliardaire visionnaire qui a racheté le réseau social. La nuance est invisible. Plus généralement, il n'est presque plus possible d'entendre autre chose sur les réseaux sociaux que des alertes sur leurs dangers. Dans sa chronique, Clément Viktorovitch propose une approche nuancée de la question des réseaux sociaux. Ce qu'ils ont apporté, ce qu'ils apportent toujours, sans ignorer leurs dérives. Une lecture (ou écoute) saine pour ton dimanche !

🧠 LE CERVEAU ET NOUS
Pourquoi sommes-nous attirés par telle ou telle information ?
youtube.com - 26 nov.
Pourquoi sommes-nous attirés par telle ou telle information ?

On a tendance à dire que "les gens" sont attirés par les informations inutiles ou sensationnelles, mais ce n'est pas complètement vrai. Plusieurs études montrent que lorsque l'on observe ce qui a suscité de la curiosité chez sujets à qui on a fait lire différents articles, la réponse est claire : parce qu'ils les ont trouvés utiles personnellement ou socialement. Pour susciter la curiosité, pas besoin de faire du sensationnalisme ou de provoquer la surprise. Proposez juste quelque chose d'utile aux autres. Les études sont à découvrir dans cet épisode du podcast "La tête dans le cerveau".

La charge mentale au travail, on en parle ?
duperrin.com - 29 nov.
La charge mentale au travail, on en parle ?

Connais-tu la charge de travail invisible ? Celle que l'on ne mesure pas mais qui pèse quand-même énormément ? Nos métiers évoluent, ils sont pour certains, de plus en plus liés au traitement de l'information, où il est difficile de mesurer la charge de travail et la "productivité" (terme qui n'a plus beaucoup de sens dans ce domaine tant on peut passer des heures sur un problème à régler sans y arriver et trouver la solution en deux minutes sous la douche). "Le problème de la technologie ?", explique le blogueur Bertrand Duperrin : "Elle remplit son rôle : permettre d’opérer plus vite et à plus grande échelle. Mais comme elle méconnait la capacité des individus à recevoir et traiter de l’information et sert le plus souvent à accélérer des process dysfonctionnels elle crée des dysfonctionnements à grande échelle et une charge insupportable pour beaucoup d’individus." Il poursuit : "La charge mentale doit aussi être prise en compte au niveau de la production car elle est plus pertinente que le temps disponible pour estimer la capacité de travail d’un individu mais, surtout, la capacité à ce que ce travail ait de la valeur." Reste à trouver les bons indicateurs...

🤖 NOS AMIS LES ROBOTS
🇬🇧 Un robot qui a regardé 70 000 heures de Minecraft pourrait être la prochaine grande découverte de l'IA
technologyreview.com - 25 nov.
🇬🇧 Un robot qui a regardé 70 000 heures de Minecraft pourrait être la prochaine grande découverte de l'IA

Les humains apprennent en imitant les autres, mais l'intelligence artificielle aussi. La société OpenAI a fait regarder des vidéos du jeu de construction Minecraft pendant 70.000 heures pour que son IA apprenne à construire dans l'univers en ligne... Les usages de cette nouvelle technique d'apprentissage sont infinis : apprendre aux robots (physiques ou virtuels) à exécuter les bons mouvements dans tous les métiers, conduire une voiture ou naviguer sur Internet à la recherche d'informations ! Comme quoi, même les IA peuvent utiliser des neurones miroirs, si j'ose dire... Mais alors est-ce qu'un jour elles seront malheureuses en se comparant en permanence à nous ? Haha.

🇬🇧 L'intelligence artificielle pourra-t-elle demain nous aider à négocier ?
ai.facebook.com - 22 nov.
🇬🇧 L'intelligence artificielle pourra-t-elle demain nous aider à négocier ?

C'est ce que tente d'explorer Méta (la maison mère de Facebook) en créant CICERO, la première IA à atteindre des performances de niveau humain dans le célèbre jeu de stratégie Diplomacy. Il s'agit d'une "percée vers la construction d'une IA capable d'utiliser le langage pour travailler avec les gens et atteindre des objectifs stratégiques". Reste à savoir comment Meta l'utilisera...

🎙 INFO & DÉSINFO
Enquête : Quelles solutions apportées par les Français pour lutter contre la désinformation ?
radiofrance.fr - 22 nov.
Enquête : Quelles solutions apportées par les Français pour lutter contre la désinformation ?

C'est le résultat d'une enquête participative à laquelle ont participé plus de 113 000 Français et à qui l'on a demandé de proposer des solutions. A prendre avec précaution puisqu'il s'agit de participants "motivés" par le sujet. Donc pas forcément représentatifs. Il en ressort trois idées : 1) Education aux médias dès l’école primaire, mais surtout apprendre à chaque citoyen comment “debunker” (vérifier) les fausses infos 2) Encadrer les réseaux sociaux en les rendant responsables (mais à prendre avec des pincettes : risque de supprimer tout ce qui sort de la norme). 3) Plus de rigueur et de transparence pour les journalistes.

Comment établir une cartographie des ressources de fact-checking ?
theconversation.com -  3 déc.
Comment établir une cartographie des ressources de fact-checking ?

Et si tu as envie de t'y mettre, c'est à dire de vérifier par toi-même les infos qui passent sur Internet (et même à la télé pourquoi pas ?), le projet européen Calypso a mené l'enquête auprès d'étudiants en journalisme et en communication pour identifier les « bons » outils de fact-checking. A conserver dans tes favoris !

🤔 MÉDITATIONS

"Mercredi", la série qui parle du regard des autres



Tiens, ce dimanche, histoire de t'alléger l'esprit, je vais te parler de la famille Addams...

Alors il ne s'agit pas la famille "Adams" qui a donné deux présidents aux Etats-Unis (vous vérifierez sur Wikipedia), mais celle avec deux “d”, issue d’une série télévisée diffusée à partir de 1973, avec ses protagonistes mythiques et sinistres : Morticia, la Chose... et MercredI

En 2022, Netflix et le cinéaste Tim Burton font renaître la franchise en diffusant les aventures de Mercredi Addams, une jeune ado gothique un brin sinistre qui débarque dans un lycée pour “marginaux” (en fait des “monstres”), qui fait beaucoup penser au Poudlard de Harry Potter.

Mercredi s’habille tout en noir, n’aime pas Internet, refuse de toucher à un smartphone, préfère les cimetières à TikTok et écrit des romans sur une vieille machine à écrire. Quand les hommes l’ennuient, elle jette des piranhas dans leur piscine.

Mercredi a clairement un problème avec la tendresse, mais elle a une qualité : elle se fiche de ce que l’on pense d’elle. Elle n’écoute ni les menaces, ni les promesses sociales. Son univers est choquant, il est morbide, il dérange, mais elle en fait son cocon. Elle poursuit sa mission pour révéler au grand jour un secret, alors que tout le monde lui répète qu’elle fait fausse route. Dans ce lycée bizarre, peuplé de loups garous, de sirènes et de vampires, chacun cherche son identité, mais préfère se déplacer en meute.

Mercredi ne s’intègre pas, mais elle se lie d’amitié avec son "contraire", Enid : une jeune fille blonde qui préfère les couleurs de l'arc-en-ciel, les potins de l’école qu’elle relaie dans ses vidéos sur les médias sociaux, et les peluches. Mais Enid n’arrive pas à se transformer en loup-garou et a peur d’être rejetée. Jusqu’au jour où elle affirmera, devant Mercredi (qui a horreur des couleurs) et devant sa mère (qui désespère d’en faire une vraie loup-garou) : je suis qui je suis.

Mercredi comprendra deux choses : rester fidèle à ses rêves face à la pression sociale est essentiel, mais on ne peut grandir qu’avec les autres. Vivre en société c’est comme vivre en amour, il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même.
🧰 TROUVAILLES
ChatGPT, la première intelligence artificielle "nuancée" qui répond à toutes tes questions
chat.openai.com -  3 déc.
ChatGPT, la première intelligence artificielle "nuancée" qui répond à toutes tes questions

Le lancement de cette version grand public de l'outil GPT-3 (une IA qui écrit des textes automatiquement à partir d'énormes modèles de données) est une petite révolution. Elle préfigure un usage "'utile" que l'on pourrait faire demain de l'intelligence artificielle "experte". Il s'agit d'un "chat" c'est à dire d'une conversation que tu peux avoir avec l'IA. Tu lui poses des questions (ou tu lui demandes de t'écrire un article sur n'importe quelle thématique) et elle te répond. J'ai essayé de la piéger sur des tas de sujets (la Chine, l'extrême droite, le cerveau, l'histoire...), et je n'ai pas réussi. Pourquoi ? Parce que contrairement à l'ancien modèle, entrainé de façon non supervisée (sans contrôle humain), cette IA a interagi avec des humains pour maîtriser ses réponses et apprendre deux choses : nuancer toute affirmation, et te dire quand elle ne sait pas ou quand elle ne sait pas bien. Au final, l'IA donne peu d'infos précises (et c'est dommage) et ne donne pas ses sources (ce qui sera je l'espère une prochaine évolution) mais elle est un vrai exemple d'échange nuancé dans une conversation. On pourrait l'utiliser sur les réseaux sociaux pour contrebalancer les affirmations et les biais des uns et des autres, et nous apprendre des techniques de débat apaisé. Si tu veux jouer avec, clique sur le lien ! Tu peux lui parler en français.

🗣 CONSTRUISONS CETTE LETTRE ENSEMBLE !
🤓 PARTAGEONS NOS LECTURES
Construire un deuxième cerveau
buildingasecondbrain.com -  4 déc.
Construire un deuxième cerveau

Si ton cerveau est saturé, tu peux lui créer un nouveau compagnon de route : un second cerveau numérique. J'ai découvert cet ouvrage dans mes recherches pour mon livre et il m'a beaucoup inspiré. L'idée est de noter tout ce que tu lis, entends et penses d'intéressant, de façon fluide et sans effort, de façon à pouvoir y faire appel à n'importe quel moment. Un bouquin d'utilité publique (en anglais, mais une version. française sortira en 2023 chez Eyrolles) !

🤔 PARTAGEONS NOS REFLEXIONS

Travailler moins c'est mal ?


Dans le salon Discord de Flint ces derniers jours, on a parlé de la valeur travail. A l'origine de cet échange, un article du Figaro déplorant le fait que les Français seraient de plus en plus paresseux... L'article est payant mais il s'appuie en fait sur une enquête de Jérome Fourquet et Jérémie Peltier que tu peux lire ici.

Roxane trouve que le titre du Figaro est insultant ("La grande flemme, comment la France perd le goût de l'effort") : 

"Merci Flint Dimanche de rappeller que le travail n’est pas une fin en soi et qu’on a le droit de vivre, parce que je suis tombé sur ça et sérieusement quel manque de respect, ça me choque et je comprend pas".

Précisons que si le Figaro est à droite, la Fondation Jean-Jaurès est à gauche.Les titres des deux publication sont d'ailleurs sensiblement différents...

Choquant ou pas, le débat est passionnant :
doit-on travailler plus ou moins ? Et si la paresse était une condition de la sobriété ? Et si la pandémie nous avait appris que nous devions penser à vivre avant de nous tuer au travail (et sur le lieu de travail) ?

Pour Yann, c'est surtout la relation travail/consommation qu'il faut revoir : 

"[J'ai] l'impression que c'était surtout que les gens étaient malheureux et qu'ils ne voyait plus de plaisir dans la consommation, même si je suis plutôt fortement pour la valeur travail, je trouve ça au contraire très positif. Remettre en question le lien consommation/argent/travail/bonheur je trouve ça très positif et j'ai l'impression que ça va nous permettre peut être d'aborder les crises modernes plus sereinement."

Qu'en penses-tu ? .


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☃️ Je te souhaite un beau dimanche d'hiver ! (C'est l'hiver chez toi, non ?)

💛 Benoît
Flint

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