Et si on se foutait enfin la paix en 2023 ?


Cher(e) toi,

Ce dimanche, je voudrais t’emmener avec moi dans un petit voyage, au bout de ce voyage il y a un champ ou court un enfant qui a l’air super content, et il l’est. Cet enfant, il est content pour pas mal de raisons (et beaucoup de non-raisons aussi, justement), et je t’expliquerai pourquoi un peu plus loin. Ce petit voyage auquel je t’invite ce dimanche, c’est un voyage au pays des non-résolutions.

❤️ Avant de commencer, si tu ne me connais pas, je me présente : je suis Benoît Raphaël, co-fondateur de Flint. Et un dimanche sur deux, je réfléchis avec toi sur la façon dont nous pouvons parvenir à penser par nous-mêmes dans le chaos de l'info. D'ailleurs, si on t'a fait passer cette lettre, tu peux t'abonner ici. Dans cette édition nous allons apprendre à commencer tranquillement cette année 2023, nous allons aussi parler de dopamine et de sérotonine, mais également de la nouvelle intelligence artificielle de Google, des recettes secrètes de Netflix et d'un jeu de société pour lutter contre la désinformation. ❤️

Alors c'est quoi le pays des non-résolutions ? C’est un pays où l’on ne fait pas de résolution pour 2023, où l'on ne prend pas son abonnement à la salle de sport qu’on va abandonner dans un mois, et où l'on ne fait pas de plan super structuré pour arrêter de procrastiner (et culpabiliser ensuite).  Non, dans ce pays, on s’allonge les pieds en éventail face à la vie et on se dit que 2023 va être vraiment une super année.

Le reste ? Rien à foutre. Mais mes résolutions je les mets où ? Dans ton cul.



Mais comment faire en sorte que 2023 soit une bonne année si je ne m’organise pas un minimum ? Eh bien justement.. Tu sais quoi ? On va tous les envoyer se faire foutre les gens avec leurs résolutions. Les influenceurs sur Instagram ou les écrivains en développement personnel qui te répètent qu’il faut OSER mener la vie dont tu rêves avec leurs slogans achetés à deux balles chez Lidl. En général, tous te parlent d’auto-discipline. Bah oui, parce que comment veux-tu arriver à mener la même vie qu’eux si tu ne commences pas par te discipliner ?

Alors attention, je n’ai rien contre l’auto-discipline, je pense même que c’est bien pour les gens qui aiment l’auto-discipline. Et puis il y a toutes ces injonctions qui se fracassent contre ta tête et qui finissent, en général, je veux dire passées les bonnes résolutions, par te faire te sentir misérable de ne pas les appliquer comme un robot : “oses!” “agis!” “persévère!” “lève-toi à 5h du matin!” “installe de nouvelles routines pour sortir de tes mauvaises habitudes!” “fais du sport!” “range ta chambre!” “mange tes épinards!” pardon je m’égare. Mais c’est un peu la même chose. Avant les coachs, c’étaient nos parents qui nous disaient ça. Et les imiter ne nous a pas rendu plus heureux. Et là tu vas me regarder bizarrement et me dire : “ah bon tu penses qu’il ne faut pas faire de sport ? Il ne faut pas persévérer ?” Mais tu fais ce que tu veux, justement ! Au passage j’ai moi-même plein de routines, je me lève à 5h30, je fais du sport et je médite quotidiennement, je lis et j’écris au moins deux heures par jour. Mais ce ne sont pas les routines qui nous rendent plus heureux ou plus productifs, c’est le fait de se sentir aligné. Aligné avec quoi ? Eh bien justement. Parlons-en, c’est un sujet intéressant à creuser.

Pour commencer, je crois que nous avons besoin de nous foutre un peu la paix, tu ne penses pas ?

Tu sais, depuis le début de l’année (période durant laquelle j’ai moi aussi jonglé avec ces fichues résolutions 2023 avant de tout envoyer paître tandis que le joyeux chaos des vagues de l’océan se foutait de ma gueule), j’ai cette image qui me revient. Elle me vient d’un dessin que j’avais fait il y a deux ans. C’est le dessin d’un enfant qui court dans un champ.



Cet enfant il n’a pas spécialement d’argent, ni de personnes qui l’admirent, ni de jouets géniaux, il court juste dans un champ et il a l’air super content. Pourquoi est-il content ? Je n’ai pas de réponse précise. Je crois que ça n’a qu’un lointain rapport avec le bonheur (qui est un terme qui m’agace un peu parce qu’il ressemble à une résolution justement), mais plutôt avec le fait de se sentir vivant et sans entraves. Les enfants font de tous les terrains vagues du monde des royaumes au diapason de leurs rêves.

Je ne sais pas pour toi, mais moi, quand je suis entré au collège, j'ai jeté mes jouets. C'était un rite de passage. Ils essayaient encore de me parler mais je ne les entendais plus. Les jouets étaient les acteurs dociles de mes histoires. Ils étaient inutiles, mais ils me rendaient heureux. Mais comme ils n'existaient pas vraiment je crois que je leur en voulais. Nous avons fini nous convaincre que ce qui nous remplissait de joie quand nous jouions n'avait aucune valeur. Cette joie ne voulait rien dire puisque nos parents nous disaient le contraire, et que nos parents étaient des dieux.

Nous avons fini par nous convaincre que la joie isolée ne valait rien. Que ces moments incroyables de bonheur que nous vivions étant enfants n'étaient rien. Quand nous vivions nos propres légendes qui nous faisaient héros, nos parents nous répétaient que nous n'étions pas des héros. Qu'être un héros dans le vrai monde c'était passer son bac et décrocher un contrat. Qu'être un héros dans sa tête c'était ridicule, que c'était refuser de grandir, qu'ils avaient toléré nos jeux parce que c'était normal de s'inventer des histoires quand on est enfant, mais que ces histoires ne valaient rien, comme ce foutu Père-Noël auquel ils nous faisaient croire avant de nous révéler que c'était un mensonge. Il fallait être fier de ne plus croire au Père Noël. C'était devenir grand. Être grand c'était être comme papa ou maman. Qui étaient un peu nos héros. Les père-Noël de rechange des enfants qu'on poussait à grandir comme on pousse un ivrogne vers la sortie.



Sauf que nos parents n’étaient pas des héros. Eux aussi ils avaient jeté leurs jouets contre un permis d'être adulte. Et ils étaient aussi perdus que nous. Quand nous reprochons à nos parents leurs erreurs, c'est parce que nous leur en voulons de nous avoir menti. Il n'y a pas plus de sens de l'autre côté de l'enfance. Il n'y a rien pour remplacer le Père-Noël. Devenir adulte c'était accepter de se trahir, c'était quitter nos habits de lumière pour enfiler le costume de valets prêts à toutes les humiliations pour exister. C'était ensuite avoir trop honte pour le dire à nos enfants.

Enfants, nos amitiés étaient des légendes, nos amours étaient des poésies, les animaux étaient nos alliés, courir dans un champ en étendant les bras suffisait à nous rendre divins, courir à toutes bombes sur nos vélos c'était être le plus rapide du monde, même si ce n'était pas vrai. Ça nous rendait heureux. Ça nous rendait fiers. En fait, quelque part, on se disait qu'il y avait quelque chose de vrai dans cette illusion. Ça nous rendait tellement heureux qu'il devait forcément y avoir quelque chose de vrai.

Parler à ses peluches. Parler au monde. S'inventer des amis. Croire en ce Père Noël qui transformait l'hiver en un territoire magique, où tout était possible, où le monde était doux, où la mort ne pouvait pas l'emporter face au pays enchanté. Croire au Père Noël c'est croire en un allié.

Quand je croyais au Père Noël, je croyais en l'amitié pure, je me disais qu'il croyait en moi, qu'il était comme moi, que j'avais le droit de rêver, que j'avais le droit de croire que ce monde merveilleux que je m'inventais dans ma chambre avait le droit d'exister simplement parce qu'il me rendait heureux. Il était le gardien du temple.
Je crois que les enfants ont raison de rêver. Je crois qu'ils abandonnent parce qu'on leur fait croire que le rêve ne sert à rien. Que se raconter des histoires c'est refuser le monde. Je pense au contraire que c'est inventer le monde. Je pense que les rêveurs rendent le monde plus beau.

Qu'avons-nous fait de nos rêves d’enfant ?

Et toi ?

Eh bien moi, par exemple, je me suis toujours dit que j’étais différent, mais que j’étais trop différent. Et que, au final, je n’avais rien à dire.

Et puis en 2022, j’ai écrit un livre, mon premier, qui sera publié cette année. Dans ce livre, j’ai essayé de comprendre pourquoi nous avions ce sentiment d’indigestion lorsque nous pensions à l’information. Information prise au sens large : tous les signaux, bruits, données, que notre cerveau traite chaque jour pour prendre des décisions, plus ou moins bonnes pour nous-mêmes ou pour l’humanité.

J’ai compris pourquoi notre cerveau filtrait mal, pourquoi il stressait autant, comment il nous trompait presque tout le temps. J’ai beaucoup réfléchi au rôle de la dopamine, cette molécule du “plaisir” qui, selon la plupart des coachs se targuant aujourd’hui de faire appel aux “neurosciences”, serait à l’origine de tous nos maux et de toutes nos addictions, en commençant par notre “addiction” aux écrans. Cette hormone de la satisfaction immédiate qui nous ferait procrastiner et perdre autant de temps. En étudiant la question en profonfeur, j’ai compris une chose super importante.

A quoi sert la dopamine ? Elle nous sert à apprendre.



Plus précisément, explique leur neuroscientifique David Eagleman, elle nous sert "à mesurer le décalage entre nos attentes et la réalité”.

Le cerveau fait des erreurs parce qu’il apprend. Loin d’être un archaïsme à peine sorti de sa vie tranquillou de chasseur cueilleur, et donc inadapté au monde moderne, il est au contraire un supercalculateur parfaitement rodé à la complexité du monde. Dans ses équations, nos émotions sont l’inconnue nécessaire à la résolution des problèmes. Nous avons besoin d’être impulsifs. Nous avons besoin de faire entrer nos rêves d’enfants par effraction et de nous fracasser la tête contre la réalité. Encore et encore.

Sans émotions, nous sommes incapables de prendre une décision, constate Antonio Damasio. Dans son livre, "L'erreur de Descartes", le célèbre neurologue fait de cette émotion, si souvent trompeuse, un rouage essentiel de notre intelligence. Pas de décision sans émotion, nous révèlent ses recherches. Et sans décision, pas de compréhension.

Pendant quarante ans j’ai appuyé mon cœur sur le cœur d’un enfant de trois ans”, écrivait le poète Christian Bobin, qui nous a quittés en 2022. “Jamais il n’a cédé. Pensées et sensations venaient éprouver leur puissance en s’appuyant sur cette clef de voûte de trois ans d’âge. Lorsque, privé de secours, j’hésitais sur le chemin à prendre, je me tournais vers cette figure ensauvagée pour y trouver le calme. Nous ne ferons jamais assez confiance à cette enfance en nous”. 



Dans les livres de développement personnel tu trouveras des tas de règles à suivre, que tu finiras généralement par abandonner, à moins d’être complètement névrosé(e).

Les choses ne deviennent compliquées qu’à partir du moment où l’on cherche à les contrôler. Alors qu’il n’y a qu’une règle à suivre : foutre la paix à ton cerveau. Il fait des erreurs ? C’est son job. Il est parfois impulsif ? C’est son mode de fonctionnement. Il génère des milliers de pensée ? Trop ? C’est comme ça qu’il fonctionne. Et il fait tous ces trucs énervants parce son métier c’est de te faire grandir et de t’aider à te maintenir dans un monde extrêmement compliqué. Laisse le faire son boulot, fais en sorte qu’il soit bien nourri et en bonne santé, qu’il fasse un peu d’exercice, et tu auras réglé 99% des problèmes dans ta vie.

Quel est le rapport avec l’information ? Eh bien c’est très simple : ton cerveau ne fonctionne qu’avec de l’information. Donc si tu veux qu’il fonctionne correctement, si tu veux penser par toi-même par exemple, et avoir le sentiment de maitriser ta vie plus que de la contrôler, il faut t’occuper de l’information que tu fais entrer dans ta tête comme on s’occupe du jardin potager d’où ton génial cerveau tirera ensuite sa petite cuisine. C’est la seule chose qui compte et que tu peux maîtriser : ne pas le surcharger, et diversifier les ingrédients.

Qu’il s’agisse d’une série Netflix, d’un mail, d’un article, d’une conversation, d’un livre ou même d’une émotion fugace ! Parce que tout est information. La façon dont nous nous positionnons dans la vie, dont nous évoluons, tout dépend des informations que nous consommons. Quelles qu'elles soient. Prendre soin de ce jardin demande un peu de méthode et d’outils. J'y reviendrai dans une prochaine lettre.



Pour le reste, un conseil : laisse ton cerveau tranquille. Laisse-le à son apparent bordel. Il a des hauts et des bas ? C’est normal. Il régule. Donne-lui un vrai champ où il puisse courir. Les génies n’ont pas besoin de barrières, ils ont besoin de terrains vagues. Les barrières sont les trucs qu’on s’invente quand on se sent affamé. Quand on se sent affamé, c’est qu’on se sent mal. Et quand on se sent mal, aucune auto-discipline ne peut nous aider.

Nous n’avons pas besoin d’auto-discipline, mais d’indulgence. Ah ben tiens, en voilà une bonne résolution pour 2023 !


📚 Les livres cités dans ce billet : 

  • "The Brain" - David Eagleman - Canongate Books - 2016
  • “L’erreur de Descartes” - Antonio Damasio - Odile Jacob - 2006
  • "L'épuisement" - Christian Bobin - Gallimard - 2015
  • "Information, l'indigestion : penser par soi-même dans le chaos de l'info" - Benoît Raphaël - Eyrolles - 2023

🎨 Illustrations réalisées avec l'intelligence artificielle de Midjourney.
💡 INSPIRATIONS

Derrière nos écrans... la planète


Que retenir de 2022 ? Que derrière le virtuel, il y a le réel, et que l'un ne va pas sans l'autre. Après les crises qui ont secoué le monde, la seule prédiction réaliste que l'on pourrait oser c'est que 2023 sera l'année où la sobriété va s'imposer... même dans la tech. Un billet lumineux de l'un des meilleurs observateurs français de la tech, le blogueur Fred Cavazza.

"2022 aura très clairement été l’année de la prise de conscience que les arbres ne poussent pas au ciel (une métaphore pour décrire le ralentissement de la croissance des BigTechs) et que l’espace numérique n’est pas virtuellement infini : il est contraint par le nombre de serveurs informatiques qu’il faut faire tourner (donc de composants à produire à partir de métaux et terres rares) et par l’électricité nécessaire à leur alimentation (donc de ressources fossiles à extraire du sol et faire brûler comme le pétrole, le charbon ou le gaz). Sans oublier bien entendu l’attention limitée des utilisateurs."
fredcavazza.net  -   4 jan.
👉 Rétrospective 2022 et sujets éditoriaux 2023
🧠 LE CERVEAU ET NOUS
🇬🇧 La molécule de la routine joyeuse
psyche.co -  5 jan.
🇬🇧 La molécule de la routine joyeuse

Dans mes échanges avec un neurologue dans le cadre de mon livre, le premier truc qu'il m'a fait comprendre c'est qu'il valait mieux être flou avec le cerveau. De la même manière que l'on ne peut pas dire que l'on est plutôt cerveau gauche ou plutôt cerveau droit, on ne peut pas dire non plus que telle région du cerveau fait telle ou telle chose, parce que les responsabilités sont partagées dans plein de zones. De même, on ne peut pas affirmer que la dopamine EST la molécule de la motivation et que la sérotonine est celle du bonheur. Ce n'est pas faux, mais ces deux neurotransmetteurs ont d'autres rôles selon qui les envoie et où... Par exemple, la sérotonine joue effectivement un rôle dans la gestion de nos humeurs, mais elle sert à plein d'autres trucs. Dans cet article du site "Psyche", le neurobiologoste James Shine révèle qu'elle sert aussi à faciliter les automatismes de la pensée, ceux qui nous permettent par exemple de conduire sans trop faire attention tout en écoutant un podcast. "Ce phénomène", ajoute-t-il, "est analogue à celui de la digestion : si les aliments que vous mangez peuvent être décomposés facilement, la sérotonine contribuera à faciliter leur passage dans un processus digestif, si celui-ci est habituel". En résumé, c'est à la fois la molécule du bonheur et celle de la routine...

🇬🇧 On a découvert le "bio-marqueur" de l'addiction
news.yale.edu - 23 déc.
🇬🇧 On a découvert le "bio-marqueur" de l'addiction

Des chercheurs de Yale et du CNRS ont découvert un schéma d'activité cérébrale qui permet de prédire les envies de drogue et de nourriture : un biomarqueur potentiellement précieux pour identifier et comprendre la dépendance. On appelle ça le NCS ("Neurobiological Craving Signature"). Le NCS permet aussi de mieux comprendre comment l'envie de nourriture et de drogue peut être influencée par le contexte ou les états émotionnels. "Par exemple", écrit l'un des auteurs "nous pouvons utiliser le NCS dans de futures études pour mesurer comment le stress ou les émotions négatives augmentent l'envie de consommer des drogues ou de se laisser tenter par notre chocolat préféré."

🤖 NOS AMIS LES ROBOTS
Y a-t-il de l’intelligence dans l’intelligence artificielle ?
latribune.fr -  2 jan.
Y a-t-il de l’intelligence dans l’intelligence artificielle ?

La réponse est toujours "non", mais c'est vrai qu'avec ChatGPT (dont j'ai parlé dans la dernière lettre) on peut se poser la question. Jean-Louis Dessalles, de l'Institut des Mines-Télécom, nous explique avec des mots simples pourquoi ce n'est pas le cas, et pourquoi ce n'est pas qu'une question de puissance des machines ou de volume de données.

🇬🇧 Et voici le nouveau Dall-E, made in Google !
muse-model.github.io -  5 jan.
🇬🇧 Et voici le nouveau Dall-E, made in Google !

Tu as certainement entendu parler de Dall-E, Midjourney ou Stable Diffusion, ces intelligences artificielles qui génèrent des images automatiquement sur la base d'une simple description (j'en ai déjà parlé dans cette lettre). Eh bien Google, resté un peu en arrière ces derniers mois sur ces modèles génératifs, vient de sortir son modèle. Très différent de ceux qui ont défrayé la chronique en 2022, "Muse" ne s'appuie pas sur la même technologie (appelée "Diffusion model" qui consiste à exploser les images en pixels pour les reconstruire) mais sur une nouvelle manière d'appréhender la génération d'images (appelée "masked tokens", c'est à dire des "jetons masqués" dans l'image que le robot doit deviner). Ce modèle permet de comprendre les objets dans l'image et d'apprendre très vite, même avec très peu de données. Les résultats (que l'on ne peut pas tester en ligne malheureusement) sont à la fois fascinants et un peu flippants. En fait, Muse est surtout utile pour comprendre et éditer les images. Il permet de remplacer n'importe quel objet, paysage ou personnage par autre chose. Super pratique pour faire des fausses photos !

🎙 INFO & DÉSINFO
Un jeu de société sur la désinformation créé à Montréal
ici.radio-canada.ca -  4 jan.
Un jeu de société sur la désinformation créé à Montréal

Le jeu de société éducatif "Lizards & Lies" ("Lézards et mensonges") cherche à démontrer comment circule la désinformation sur le web. La prémisse du jeu est simple : sur le champ de bataille des réseaux sociaux, les trolls et les conspirationnistes affrontent les modérateurs de plateformes et les éducateurs en littératie numérique. La première équipe, les propagateurs, gagne des points en propageant de la désinformation. La seconde, les décrypteurs, gagne des points en la freinant. "Ça peut être un outil très utile dans les écoles secondaires (...) ou dans les universités pour susciter des discussions sur comment fonctionnent les réseaux sociaux, sur les algorithmes de recommandation, sur les chambres d’écho, estime le concepteur du jeu, Scott DeJong, étudiant au doctorat en communication à l’Université Concordia. Je veux ce jeu pour Noël !

Netflix, une machine à standardiser les histoires (ou pas) ?
theconversation.com -  1 jan.
Netflix, une machine à standardiser les histoires (ou pas) ?

Pour Virginie Martin, docteure sciences politiques, Netflix c'est Docteur Jekyll et Mister Hyde. Dans cet article, elle explique d'abord comment Netflix a joué la diversité (diversité locale et de genre) pour se démarquer. Et a donc plutôt fait du bien à la production audiovisuelle. Mais elle raconte aussi comment la plateforme de streaming (c'est à dire de "vidéo sans téléchargement") tente de capter notre attention et de nous rendre "addict" aux séries. Grâce aux données que nous lui envoyons. Mais aussi grâce (ou à cause) de ce qu'elle appelle un peu pompeusement des "techniques de neuromarketing". Moi j'appellerai plutôt ça le bon vieux "cliffhanger", tu sais, cette technique qui consiste à terminer l'épisode (ou le chapitre d'un livre) sur un suspense insoutenable... C'est mal ? C'est bien ? Les deux ? A toi de décider ! Un billet intéressant à lire pour comprendre la mécanique derrière Netflix.

🤔 MÉDITATIONS

Ma décision de partir à Bali en avril 2022 était complètement impulsive. Je n’ai compris que plus tard pourquoi cet éloignement était nécessaire. Mais il m'a fallu le faire sans réfléchir, sinon je ne serai jamais parti, et je n'aurais jamais compris...

Il y a plein de raisons qui s'entrecroisent. La première qui me vient à l'esprit : couper toutes les sources de stress pour me remettre à réfléchir. Et ça commençait par mon environnement social, je pense. 

De plus, avec 7 heures de décalage horaire, j'ai aussi gagné 7 heures durant lesquelles je peux bosser sans aucune interruption (mails ou réseaux sociaux), vu que tout le monde dort. C'est comme ça que j'ai pu écrire mon livre en un temps record.

Ce que cet acte "irréfléchi" (comme certains me l'on reproché), m'a appris  : parfois, nous avons besoin de nous arrêter de réfléchir pour agir, parce que l'action fait justement partie du processus de réflexion.
🧰 TROUVAILLES
Invente tes scénarios du futur avec l'intelligence artificielle
ai.brightness-agency.com -  4 jan.
Invente tes scénarios du futur avec l'intelligence artificielle

Grâce à cette application, développée par mon ami Michel Levy-Provençal, tu vas pouvoir inventer des histoires d'anticipation et participer à l'écriture de son roman, écrit et illustré avec l'intelligence artificielle (Dalll-E et GPT-3). Un exercice passionnant ! Les meilleures histoires seront intégrées dans son roman co-écrit avec l'IA...

Utilise l'IA dans tes prise de notes !



Un exemple d'utilisation concrète de l'intelligence artificielle générative (comme "ChatGPT" qui s'appuie sur la technologie GPT-3 et permet de générer des textes), c'est son intégration dans le célèbre outil de prise de notes "Notion". Un outil que j'utilise régulièrement. Avec cette nouvelle fonctionnalité, tu peux transformer tes notes en texte lisible, mais aussi résumer ce que tu as écrit, ou encore l'écrire "mieux", plus long, ou plus court... La fonctionnalité est encore sur liste d'attente, je l'ai essayée, et c'est assez pratique. Dis-moi ce que tu en penses si tu as la chance d'y avoir accès !
notion.so  -   5 jan.
👉 Découvrir Notion
🤓 LE LIVRE À DÉCOUVRIR

Toi aussi ne te laisse plus distraire par ton smartphone en 2023


J'ai découvert ce livre il y a quelques jours à peine. Pour la petite histoire, son auteur, Nir Eyal est surtout connu pour un autre livre, "Hooked" (littéralement : "accroché", en français). Un ouvrage qu'on pourrait jugé un tantinet immoral avec le recul, dans lequel l'investisseur israélien expliquait point par point comment rendre le consommateur accro à son produit ou son service en ligne. "Amasser des millions d'utilisateurs n'est plus suffisant", écrivait-il en 2013. "Les entreprises constatent de plus en plus que leur valeur économique est fonction de la force des habitudes qu'elles créent.”

"Hooked' s'est vendu à des millions d'exemplaires et est resté sur la table de chevet de nombreux startupeurs. Tu as vu le bordel depuis.... Nir Eyal se rachète donc avec "Imperturbable", dans lequel il nous donne la méthode inverse : comment sortir de notre addiction aux produits numériques ! 

L'auteur raconte que si nous recherchons constamment des distractions, c'est pour échapper à un malaise. Nous sommes des éternels insatisfaits, explique-t-il, ce qui nous pousse à avancer et nous bloque en même temps. "L'addiction" à notre smartphone serait donc liée à notre mal-être. Pour en sortir, Nir Eyal recommande par exemple d'identifier l'état qui précède la sensation de manque chaque fois que nous sommes tentés de saisir notre smartphone, plutôt que d'essayer de lutter contre (ce qui a pour effet de renforcer le manque). 

Nir Eyal propose aussi d'utiliser "la règle des 10 minutes" avant toute tentation. On  attend 10 minutes, et si la tentation est encore là, alors on peut y aller... En général, constate-t-il, l'envie irrépressible disparait, une fois le pic de manque passé. 

Que dire de la volonté ? Eyal affirme que l'idée de "l'épuisement du moi" (une théorie rendue célèbre par le chercheur Baumeister, selon laquelle l’épuisement limiterait notre volonté) est partiellement fausse. Selon lui (et d'autres chercheurs), la volonté fluctue comme n'importe quelle émotion. Elle vient et va en fonction de notre environnement et de nos sentiments. Se dire que l'on est incapable de résister nous rend incapable de résister et la culpabilité qui en ressort aggrave le problème. Nous devons donc être indulgents et faire preuve de compassion pour être plus résistants. 

Nir Eyal propose de remplacer la passivité par l'action et les distractions par l'attraction.  Il suggère de trouver du plaisir dans ce qu'on fait grâce à la curiosité.
 
Pour éviter les distractions, l'auteur propose d’utiliser la méthode du temps limité : découper son temps dans la semaine, y compris les pauses ! Et s’y tenir au moins une semaine, quitte à l'améliorer la semaine suivante. 

Comment se protéger des "déclencheurs externes" (par exemple les notifications des réseaux sociaux, mails, sms...) ? Eyal cite Sean Parker (co-fondateur de Facebook) selon qui le système des notifications des réseaux sociaux sur nos smartphone jouent sur une mécanique de «boucle de validation sociale» pour nous faire revenir sur l'application. Le problème c'est que, selon une étude citée par l'auteur, le fait de recevoir une notification sur son téléphone portable mais de ne pas y répondre est tout aussi distrayant que le fait de répondre au message ou à l’appel !

Pour s’en sortir, il faut créer des zones de "cockpit stériles" (selon une règle dans l’aviation US qui interdit de faire des tâches non vitales quand on est à une altitude inférieure à 3000 mètres). L’auteur propose d’imprimer une carte avec un feu rouge à coller sur son ordinateur indiquant qu’on ne souhaite pas être dérangé.

Enfin, pour se protéger des emails intrusifs et voleurs d'attention, il suggère la sobriété : envoyer moins d'emails fait qu’on en reçoit moins. Il suggère de donner deux degrés d’urgence à chaque mail que l’on reçoit : est-ce que je dois répondre aujourd’hui ou cette semaine ? Et de les classer dans des dossiers pour pouvoir les gérer ensuite idéalement lors de courtes sessions.

Bon, sa méthode nous propose de devenir un peu des psychopathes de l'organisation, l'auteur met tout dans des cases, et propose même de créer des emplois du temps récurrents pour nos relations amicales et sentimentales ! Mais au-delà de ses excès, j'y ai trouvé pas mal d'astuces assez utiles...
talenteditions.fr  -   4 jan.
👉 "Imperturbable" - Nir Eyal - Talent Editions - 2022
🗣 CONSTRUISONS CETTE LETTRE ENSEMBLE !
🤔 PARTAGEONS NOS REFLEXIONS
Jean-Marie réagit à ma dernière lettre, dans laquelle je cite Mark Manson (auteur de "l'Art subtil de s'en foutre", chez Eyrolles) qui écrivait : "La sélection a fait de nous des créatures pétries d’insatisfaction et d’insécurité intérieure. Pourquoi ? Parce que ces états motivent à bouger pour innover et survivre. Voilà pourquoi tu es câblé pour être insatisfait de ce que tu as et satisfait uniquement de ce que tu n’as pas." 

"J'aime beaucoup la citation que tu fais du livre de Manson", m'écrit Jean-Marie. "Cela m'a fait penser à ce que disait Tolkien des elfes et des hommes : l'immortalité était une sorte de malédiction puisqu'elle ralentissait tout changement, alors que les hommes, mortels, devaient se dépêcher de vivre toutes les expériences possibles pour évoluer et améliorer leurs conditions d'existence."



Geneviève, qui est prof, a testé ChatGPT pour voir si l'intelligence artificielle se comportait différemment de ses élèves. C'est fascinant : 

"Je m'amuse depuis ce matin à tester des sujets que j'avais donnés à mes élèves de 3e et c'est assez fascinant car il me propose des développements sans exemple (ce que font aussi mes élèves en général). Je lui ai demandé des listes d'exemples de films ou de chansons ou de romans ce qu'il a trouvé, mais avec des erreurs (il m'a cité un roman, "La route" de Kerouac, dans les chansons) et je lui ai demandé de les insérer au développement précédent. Ce n'est pas toujours fait de façon très subtile mais par endroits, ça fonctionne bien. Là je teste un sujet d'invention de dialogue de théâtre."
🤗 Pour participer, tu peux réagir directement à cette lettre, ou m'écrire à benoit @ flint.media. Je réponds à tout le monde !
🤓 ERRARE HUMANUM EST
Ah oui, sinon, honte sur moi, j'ai fait plusieurs erreurs d'inattention dans la dernière lettre sur ChatGPT, les as-tu trouvées ? Deux sont, hum, magistrales.

  • La première surtout : j'ai confondu la mort de Nelson Mandela avec la fin de son mandat présidentiel. Aaaah, je ne sais plus où me mettre 🫣...

  • J'ai fait aussi une erreur de calcul basique.... J'ai écrit que GPT donnait des réponses justes dans 58% des cas, ce qui faisait... 62% de réponses fausses. Hum. C'est plutôt 42% non ? Bon, même si ça n'excuse rien, ça ne change pas le problème. 42% de réponses fausses c'est toujours énorme et doit nous inciter à vérifier toujours ce que nous répond ChatGPT.

Ces erreurs confirment que si les robots ne sont pas toujours fiables, les humains non plus ! Je ferai plus attention la prochaine fois !
🤖 UN NOUVEAU FLINT EN 2023

Tu t'en souviens peut-être, je t'avais demandé de répondre à quelques questions sur ta vision de Flint, il y a quelques mois. Grâce à tes réponses, nous avons pas mal réfléchi et travaillé, pour te proposer un nouveau Flint. Et notamment une version "premium" individuelle, très abordable, qui te permettra de profiter d'une bonne partie de la puissance de Flint pour mieux t'informer tout en nous soutenant. On réfléchit aussi à de nouveaux avatars de robots personnalisables et générés par l'intelligence artificielle, comme celui-ci 👆😍... (mais bon, c'est juste un délire pour l'instant...)

Je t'en dirai plus dans la prochaine lettre ! 
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🏝️ Je te souhaite une très belle année 2023, sans résolutions, mais avec beaucoup de bonheur !


💛 Benoît
Flint

Cette lettre a été réalisée par Flint Business. Flint utilise l'intelligence artificielle pour te permettre de créer des newsletters intelligentes en moins de 5 minutes afin de partager les meilleurs contenus d'information trouvés sur Internet, et d'y apporter (si tu veux) ton expertise. Tu peux tester ce nouveau service pendant 30 jours en cliquant sur le logo Flint ci-dessus ! ☝️