L'IA c'est moins fort que toi !

Cher(e) toi,

Tout va bien ? Moi, ça va moyen, j'ai passé une semaine de merde. Tu sais le genre de semaine où tu te dis que tu ferais mieux de rester couché ou de partir en vacances pour éviter de faire empirer les choses... mais je te raconterai ça une prochaine fois, même si je me doute que ça pourrait te remonter le moral (ça fait toujours du bien de savoir qu'on est pas seul, hein?). Sache juste  que, par exemple (et ce n'est qu'un exemple parmi des dizaines...) j'ai écris cette lettre avec un clavier Qwertz, oui "QWERTZ" et pas "QWERTY" ou "AZERTY", ne me demande pas qui a eu l'idée de cette disposition pourrie des touches d'ordinateur, mais c'est juste l'enfer sur terre.

❤️ Avant de commencer, si tu ne me connais pas, je me présente : je suis Benoît Raphaël, co-fondateur de Flint. Et un dimanche sur deux, je réfléchis avec toi sur la façon dont nous pouvons parvenir à penser par nous-mêmes dans le chaos de l'info. D'ailleurs, si on t'a fait passer cette lettre,tu peux t'abonner ici.Dans cette édition, nous allons voir si l'intelligence artificielle peut nous rendre plus intelligent, comment nous pouvons mieux nous concentrer,  si ça sert à quelque chose d'avoir un plan et comment l'IA peut désormais apprendre sans nous. ❤️



À moins que tu n’aies passé ces dernières semaines dans un temple bouddhiste vegan, tu as certainement entendu parler de ChatGPT (”le ChatGPT” comme disent les médias) (et d’ailleurs, tiens, tu dis “Tchat’ Gipiti” ou “Chatte Gépété” toi ?). C’est l’intelligence artificielle qui a réponse à tout (quand elle n’invente pas) et qui a rendu fou Internet avant d’enflammer les médias. Au passage, elle a pas mal énervé Google et Facebook qui ont déclaré en substance “ouais bon, c’est pas si innovant que ça nous on fait beaucoup mieux mais on n’a pas voulu le sortir pour ne pas avoir mauvaise presse”. Du coup, Google s'est précipité pour annoncer, la semaine dernière, la sortie de son ChatGPT maison, "Bard", intégré à son moteur de recherche. Sauf que dans la précipitation, les responsables communication n'ont pas remarqué que dans la vidéo de présentation le robot avait balancé une fake news... Et Google a perdu 100 milliards de valorisation en bourse en 24 heures... Pendant ce temps, Mark Zuckerberg qui a tout misé sur un Métavers dont tout le monde se contrefout, se demande s'il est encore le visionnaire que tout le monde pensait qu'il était.


Quoi qu’on en dise, le succès phénoménal de ce petit robot conversationnel
a mis un coup de pied dans la fourmilière. Ce qui fait que désormais tous les experts jouent des coudes pour se faire entendre sur le sujet et déclarer que “oulalah, le les NFT et le métavers c’est dépassé maintenant, la vraie révolution c‘est l’intelligence artificielle, vous allez voir, envoyez moi un email (et de l’argent) et je vous accompagnerai dans la stratégie de votre entreprise pour ne pas rater le train de l’IA”. Je résume mais c’est un peu ça.


Est-ce qu’on s’emballe un peu trop ?
Alors il y a eu trois phases.


La première, c’était à la fin de l’année,
tout le monde était en mode “Ça y est ! On y est ! L’intelligence artificielle va nous remplacer ! Aaaaaah ! »


Puis on a eu la seconde :
“Bon, euh, en fait, elle dit pas mal de conneries quand même quand on prend le temps d’y réfléchir, ou alors elle ne me sort que des platitudes”… Et là tous les experts étaient comme ça  : “Bon, il faut remettre les pieds sur terre les enfants, il y a beaucoup d’emballement médiatique, mais moi je sais la vérité”.


Et puis après on a eu un effet
“ah oui quand-même”, quand les plus acharnés ont commencé à apprendre à jouer avec pour lui faire sortir des choses vraiment intéressantes.


Un petit peu comme si on venait d’inventer l’appareil photo
. Au début c’était “ouaaaaaah ça y est, Monet t’es foutu !” Et puis ensuite, “bah elles sont nulles en fait ces photos”. Et puis après “oui, sauf que quand on apprend à s’en servir on peut faire de super photos en fait”. Ce n’est pas l’appareil photo qui prend la photo, c’est toi. Que tu utilises un vieux polaroid, un Leica, ou le dernier iPhone, si tu es nul en photo, tu es nul en photo. L’image sera juste de meilleure qualité. Bon. ChatGPT, c’est pareil.



Comme je te l’écrivais en octobre dernier, il est en train de se passer quelque chose avec l’IA. Et en particulier celles qu’on appelle les IA génératives, c”est à dire capable de générer à la volée du texte cohérent, du code ou des images. L’arrivée de ChatGPT à la fin de l’année n’a fait que confirmer le fait que nous étions arrivés à un point de bascule. Ces IA sont très fortes parce qu’elles s’appuient sur des larges modèles de données humaines (textes et images), qu’elles sont capables de mieux les contextualiser et donc de mieux les comprendre pour pouvoir ensuite les reformuler de façon originale.


Mais surtout, et c’est ce qui change tout, elles n’ont pas besoin d’être programmées
pour exécuter leurs tâches. En tout cas pas comme avant : elles obéissent à des requêtes en langage naturel et se comportent comme un humain à qui tu demanderais de remplir une mission pour toi. C’est une illusion bien sûr, et ces intelligences artificielles n’ont qu’une compétence linguistique formelle (c’est à dire la connaissance des règles et des modèles d’une langue donnée) et pas de « compétence linguistique fonctionnelle » (c’est à dire l’ensemble de capacités cognitives nécessaires à la compréhension et à l’utilisation de la langue dans le monde réel).


Elles ne pensent pas, font beaucoup d’erreurs sans s’en rendre compte,
mais elles fonctionnent suffisamment bien pour accomplir des tâches complexes de façon cohérente, à partir du moment où elles ont accès à de la connaissance humaine et que tu avances avec elles par étapes, tout en ayant conscience de leurs limites.



Pour reprendre notre image de l’appareil photo, avant il fallait de sérieuses compétences techniques (et un bon budget) pour faire de la photo professionnelle. Maintenant, un téléphone suffit pour tourner un film et le vendre à Netflix. Du coup, n’importe quel gamin dans un village perdu à l’autre bout du monde peut devenir l’équivalent de Spielberg. J’exagère à peine.


Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de compétences,
mais elles sont moins techniques. Pour faire simple, la barrière à l’entrée s’est considérablement réduite. Bien sûr l’intelligence artificielle concerne plutôt des compétences intellectuelles, mais c’est une forme de technicité. Par exemple, si tu ne sais pas bien exprimer tes idées tu auras du mal à écrire un article. En bonne technicienne de l’écriture, l’IA peut t’aider à les exprimer. C’est dans ce sens que je parle de faible barrière à l’entrée… De plus en plus de gens vont se mettre à écrire, à produire des images, à composer de la musique et à programmer. Certains vont tricher un peu et remixer les idées ou les travaux des autres, mais au final, même dans ce cas, ce sont ceux qui le feront avec le plus de talent qui sortiront du lot.


Bien sûr, il y a des risques importants.
La barrière à l’entrée étant très faible, des personnes malveillantes s’en empareront pour produire de la désinformation, des cyberattaques, des plagiats ou des arnaques à moindre coût. Mais ça a toujours été le cas, dans une moindre mesure. La question est de savoir si, en plus de bien maitriser ces nouveaux outils, nous serons capables de nous protéger d’une utilisation malveillante sans être dépassés. Parce que tout va très vite.


Pour se protéger il faut maitriser
. Donc je vais essayer de t’être un peu utile dans ces premiers pas. Pour créer avec bien sûr, mais aussi pour être plus vigilant.


Être plus intelligent avec l’intelligence artificielle et être plus intelligent face à l’intelligence artificielle. 

Parce que, et on n'en a pas assez parlé peut-être, interagir avec ces machines nous oblige aussi à penser plus intelligemment.

Je vais te donner un seul exemple : l'IA t'oblige a formuler très clairement ce que tu veux. Si tu poses mal la question, la réponse sera mauvaise. Comme l'appareil photo nous a appris à considérer différemment ce que nous avons sous les yeux. Un beau paysage ne fait pas une bonne photo, c'est l'intention qui fait la différence, ainsi que la maîtrise de la technique de prise de vue. L'appareil ne fait qu'obéir. Que veut-on faire avec ce paysage, que veut-on faire ressortir, ressentir ? Sur quel détail veut-on mettre l'accent ? 

Interagir avec ChatGPT nous oblige à faire le même effort vis à vis des tâches intellectuelles que nous voulons accomplir. Pour explorer cette idée, je t'invite à lire cet article de la Harvard Business Review, un peu à rebours des discussions du moment. Tu me diras ce aue ça t'inspire...



Quand Lee Sedol, le champion du monde de Go, a été vaincu par AlphaGo, il a d'abord pleuré. Et puis il a compris quelque chose : "Je suis reconnaissant ! Et je pense avoir trouvé ma raison de jouer au Go”. En enchainant les coups "étranges" et contre-intuitifs, le robot l'a forcé à remettre en question son approche très traditionnelle du jeu et à explorer de nouvelles possibilités.

Nous pouvons aborder cette guerre entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle en termes de victoire ou de défaite, mais nous pouvons aussi la penser comme une histoire qui nous pousse à nous réinventer.

Être plus intelligent face à l'intelligence artificielle, voilà ton programme (et celui de l’humanité) pour les prochains mois ! Tu viens ?

ET CETTE FORMATION FLINT À CHATGPT ALORS ?
Oui, je sais, je t'en avais parlé la semaine dernière, et j'ai bossé sur cette formation à ChatGPT "zéro bullshit"  comme un fou... Tout était prêt ! Jusqu'à ce que mon ordinateur rende l'âme sans prévenir. Donc ça vient, ça vient, mais je travaille beaucoup plus lentement depuis deux jours vois-tu... Et avec le clavier incompréhensible du vieil ordinateur qu'un ami m'a prêté, et qui se traîne comme une vieille charrue, je pousse des hurlements toutes les cinq minutes. Et ce n'est qu'un exemple de toutes les tuiles qui nous tombent dessus depuis 15 jours ! Du coup j'ai relu tout Boris Cyrulnik. Je te tiens au courant !
🧠 LE CERVEAU ET NOUS
Comment se concentrer ?
netflix.com -  7 fév.
Comment se concentrer ?

Oui tiens justement, bonne question... Si tu ne connais pas cette série documentaire, je te la conseille vivement ! Réalisée par le site d'infos "Vox", elle explore de façon très nuancée et documentée la manière dont notre cerveau fonctionne. Cet épisode évoque la question de l'attention et nous révèle que ce n'est pas tant notre smartphone qui nous distrait que.... notre cerveau lui-même ! Le documentaire explique que c'est notre propre cerveau qui nous distrait environ 50% du temps, et non les applications. Et que l'on aura beau essayer toutes les techniques d'auto-discipline que l'on veut, ça ne changera rien au fait que notre cerveau a une capacité de concentration qui varie et ne peut être constante. Plus perturbqnt : plus l'on se concentre, plus on se ferme au monde. C'est le prix de l'efficacité... Il faut donc s’écouter... mais il faut aussi choisir quand, et surtout pourquoi, on porte son attention sur quelque chose.

🤖 NOS AMIS LES ROBOTS
🇬🇧 Quand l'intelligence artificielle apprend... sans apprentissage
news.mit.edu -  7 fév.
🇬🇧 Quand l'intelligence artificielle apprend... sans apprentissage

Un robot qui apprend tout seul ? On y arrive ! Des chercheurs étudient un phénomène encre très mystérieux, appelé "apprentissage en contexte", où un modèle de langage peut apprendre à faire une tâche sans être spécialement formé pour cela. Normalement, pour qu'un modèle apprenne une nouvelle tâche, il doit être entraîné à nouveau avec de nouvelles informations. Cependant, avec l'apprentissage en contexte, le modèle peut apprendre une nouvelle tâche sans avoir besoin d'être formé à nouveau. Les chercheurs ont découvert que les grands modèles de langage peuvent contenir des modèles plus petits et plus simples qui peuvent être utilisés pour accomplir une nouvelle tâche en utilisant les informations déjà présentes dans le modèle. Comprendre comment fonctionne l'apprentissage en contexte pourrait permettre aux modèles de faire de nouvelles tâches sans avoir besoin de les former à nouveau.

🧐 ESPRIT CRITIQUE ES-TU LÀ ?
Les Français face à la désinformation
destincommun.fr -  8 fév.
Les Français face à la désinformation

L'étude "Information : 50 nuances de défiance" menée par Destin Commun, révèle que 7 sur 10 Français sont inquiets quant à la désinformation. La défiance envers l'information ne concerne pas seulement les complotistes, mais une majorité de la population. L'étude propose une typologie en six groupes, allant de la confiance fragilisée à l'obsession de la manipulation et à la sécession médiatique. Le rapport pathologique des Français à l'information se manifeste par trois risques : la noyade face à une offre pléthorique, la dépression liée aux informations négatives, et l'égarement en raison de la manipulation perçue par les politiques. Les réseaux sociaux sont le principal facteur d'inquiétude quant à la désinformation, avec 72% des personnes les utilisant régulièrement pour s'informer partageant cette inquiétude. Les Français ont le sentiment d'évoluer dans un univers informationnel risqué et tendent à faire leur marché parmi l'offre presque infinie d'informations, ce qui peut les mener à une forme de sécession du collectif.

🤔 MÉDITATIONS

Tu la vois la grosse vague ?




Tu connais Mike Tyson ? Bon. Et cette citation ? "Everybody has plans until they get hit for the first time." On pourrait le traduire comme ça "Tout le monde a un plan, jusqu’à ce qu’il se prenne un coup de poing dans la figure" !

Voilà. C'est un peu ma vie. Toi aussi ? Bon. Mais je crois aue c'est normal.

L’univers est imprévisible. Peut-être a-t-il son propre plan. Ou pas.

On peut se faire des tas de reproches, culpabiliser, maudire son manque de prudence, mais il y a toujours un imprévu.

Parfois cet imprévu vient de nous.

En 2010, Jessica Watson, 16 ans, boucle un tour du monde en solitaire. Un record. Elle n’était pas assez préparé. Elle faisait beaucoup d’erreurs. Elle parfois craqué. Mais elle n’a pas abandonné.

A quelques kilomètres de l’arrivée, elle affronte une tempête colossale, tout le monde lui recommande de s’arrêter. Elle continue.

Son minuscule bateau rose est pris dans une vague de plus de 20 mètres, elle coule.

Elle aurait pu mourir, et l’on aurait alors critiqué son manque de préparation, toutes les erreurs qu’elle a faites. Et celles de ceux qui l'ont conseillée.

Mais elle a survécu et est devenue une héroÏne.

Dans l’aventure entrepreneuriale, on ne parle pas de ceux qui ont coulé. Avaient-ils moins de talent ?

On fait des erreurs tout le temps, parfois ça passe et on écrit l’histoire, parfois il y a d’énormes vagues qui surgissent, et l’on ne peut pas les contrôler.

La seule chose que l’on peut maitriser, c’est la façon dont nous y réagissons.

(Tu peux revivre l'histoire de Jessica Watson dans le magnifique film Netflix qui vient de sortir : "True Spirit - La jeune fille et la mer". Bouleversant !)
🧰 TROUVAILLES
Perplexity AI : le moteur de recherche du futur ?
gpt3demo.com - 12 fév.
Perplexity AI : le moteur de recherche du futur ?

Tandis que Microsoft et Google se battent à couteaux tirés pour savoir qui aura le meilleur moteur de recherche après l'ouragan ChatGPT, des petites structures se lancent dans la bataille. Parmi elles : perplexity.ai. Une startup dans laquelle ont investi quelques personnalités parmi lesquelles Yann LeCun (patron de la recherche en IA chez Meta/Facebook). Perplexity s'appuie sur GPT3 d'OpenAI et sur le moteur de recherche de Microsoft Bing. Les résultats sont présentés sous la forme d'un texte rédigé avec des liens. Très impressionnant !

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💛 Benoît
Flint

Cette lettre a été réalisée par Flint Business. Flint utilise l'intelligence artificielle pour te permettre de créer des newsletters intelligentes en moins de 5 minutes afin de partager les meilleurs contenus d'information trouvés sur Internet, et d'y apporter (si tu veux) ton expertise. Tu peux tester ce nouveau service pendant 30 jours en cliquant sur le logo Flint ci-dessus ! ☝️