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Le fabuleux destin de Blob l’éponge – Flint Dimanche 60

Le fabuleux destin de Blob l’éponge – Flint Dimanche 60

Bien. La semaine dernière, si tu t’en souviens, je devais te parler de vaccins et d’esprit critique mais, misérable procrastineur que je suis, j’ai repoussé l’idée à la semaine suivante. Ce matin j’étais donc prêt. J’étais là, le nez un peu endormi sur mon clavier, jetant des regards réguliers à la fenêtre, où le soleil levant joue avec les ombres des arbres et c’est joli. Cette fois encore je me suis dit : et puis merde en fait. Je vais te parler d’un truc beaucoup plus rigolo.

Je suis sûr que tu as déjà entendu parler du blob. On en a beaucoup discuté cette semaine parce que le spationaute français Thomas Pesquet en a empaqueté 4 dans une sorte de boîte-à-pique-nique hermétique (appelée la « blob blox ») pour les emmener avec lui dans l’espace. Avec pour interdiction d’ouvrir la boîte, parce qu’on ne sait pas non plus trop comment ce machin visqueux jaune et vivant va réagir une fois là haut. Hum. Oui, parce que le blob a une fâcheuse tendance à prendre la poudre d’escampette pour partir à la découverte du monde, enfin je crois. Alors pourquoi je te parle de ça ? Et pourquoi je te recommande de lire cette lettre jusqu’à la fin ? Parce qu’après une semaine d’agitation nauséeuse d’infos qui font peur, je me suis dit qu’on avait peut-être besoin d’un blob dans notre vie. Mais attention, le blob n’a pas la même fonction que la loutre ou le koala sur Instagram. Il n’est pas mignon. Il ressemble plutôt à une flaque de vomi. Mais quand on regarde la spécialiste française du blob en parler, la Toulousaine Audrey Dussutour, quand je vois ses yeux clignoter paisiblement et son éternel sourire amusé d’enfant de 5 ans et demi, je me dis qu’on a besoin du blob. Peut-être aussi qu’il y a quelque chose dans le blob qui nous parle. Qui nous parle de nous. Ou de nous en ce moment. Tu décideras. Non pas que nous ressemblions tous à une sorte de plaque de vomi, quoique, mais parce que le comportement très mystérieux et ludique du blob, éveille en nous l’attitude dont nous avons peut-être le plus besoin en ce moment : la curiosité.

Et cette curiosité va se répandre parmi des milliers d’enfants en 2021. Puisque, en parallèle de la mission de Thomas Pesquet dans l’espace, 2000 classes, de la primaire au lycée, vont elles-aussi accueillir des boîtes contenant des blobs pour découvrir ce qu’il se passe quand on interagit avec ce machin visqueux capable de retrouver son chemin dans un labyrinthe beaucoup plus facilement qu’un rat.

D’ailleurs, si toi aussi tu veux participer à l’expérience avec tes enfants, ou avec le grand enfant qui est encore en toi, tu peux acheter ton kit de blob sur le Blob Shop. Où tu pourras choisir entre deux types de flaques de vomi chelou : le blob américain, qui est « conquérant et résistant », et le blob australien qui est « calme et réfléchi ». Malheureusement il manque le blob japonais, le plus fascinant d’entre tous, capable de reproduire une carte du réseau de transports de la ville de Tokyo aussi efficace (voir plus) que celle d’un ingénieur humain pourtant beaucoup plus intelligent. Oui, parce que les blobs ont aussi chacun une sorte de personnalité. Mais surtout, ils nous aident à remettre en question pas mal d’idées reçues, notamment sur la façon dont fonctionne l’intelligence.

Oui parce que le blob est intelligent mais sans avoir de neurones, ni même de système nerveux. C’est en fait une seule cellule mais à plusieurs noyaux. Une cellule qui peut faire jusqu’à 10m2 de large. Si tu veux comparer, l’être humain est composé de 100.000 milliards de cellules. Donc imagine un humain avec 100.000 milliards de cellules de 10m2 et ça te donne une idée de l’infini. Ce n’est d’ailleurs pas complètement con comme vision. La Nasa raconte que des chercheurs se sont inspirés du modèle de développement du blob pour analyser par prédiction la structure gazeuse de l’univers, qui fonctionne bizarrement un peu comme notre flaque de vomi.

Ce qui fait dire aux chercheurs que le blob a une forme d’intelligence, c’est qu’il est capable de faire plusieurs choses assez étonnantes : tout d’abord il est capable de trouver le meilleur chemin vers la zone de nourriture la plus intéressante, mais il est aussi capable de transmettre sa mémoire dans un autre blob inculte avec qui il va fusionner. Oui, parce que le blob peut fusionner avec les autres blobs et devenir un. Enfin, plusieurs en un seul. Parce que le blob est à la fois un être super simple et complexe dans ses interactions avec lui-même. Si bien qu’il inspire de plus en plus les scientifiques, les ingénieurs, les architectes, mais aussi les artistes pour repenser la façon dont nous abordons l’intelligence, la vie en société, voire la prise de décision. Notamment dans un écosystème imprévisible. Parce que le blob calcule et recalcule en permanence ce qu’il explore pour s’adapter. Tu peux tout découvrir ça dans cette conférence TED assez fascinante, et toi aussi t’interroger sur les territoires infinis vers lesquels peut nous guider notre joyeuse curiosité.

Bon, je pourrais en parler pendant des heures. Je vais te laisser profiter de ton dimanche. Juste, pour finir, un autre truc, le blob semble être motivé par une seule chose : manger. Sauf qu’il n’en a pas vraiment besoin. Dès qu’il ne mange plus il dort. Et quand il dort… il rajeunit. Alors pourquoi le blob ? Hein ? Je te le demande. Peut-être qu’il est juste là pour nous aider à continuer de penser, de trouver des solutions inédites, et un peu à nous émerveiller. Même s’il fait penser à des oeufs brouillés. Dernière chose, personne ne sait comment le blob réagira dans l’espace. Mais Audrey Dussutour pense que, avec l’apesanteur, il devrait se déployer cette fois… en 3D. Et parfois je me dit que ça nous ferait du bien, un peu de 3D dans notre façon de penser.

? Les vigies de l’info

Puisqu’on parle d’intelligence, je voudrais revenir sur le petit apéro que j’ai passé avec quelques uns d’entre vous mercredi dernier sur la plateforme vocale Discord de Flint. Nous étions une petite cinquantaine, l’objectif de cette rencontre virtuelle était que vous fassiez connaissance les uns avec les autres. Et c’était magique. Nous sommes passés d’un sujet à l’autre, sans transition, mais avec un même plaisir, une même intelligence mais nourrie à des expériences variées. D’Emmanuel, l’anarchiste provoc, à Julia, la gérante d’une maison de la presse dans un village du centre de la France, en passant par Geneviève, professeure de français dans un collège, sans oublier Hélène qui pilote le numérique dans un grand groupe télé, ni Roxane, développeuse dans un monde de mecs, ou encore Claire productrice de documentaires et de télé-réalité qui nous a parlé des vertus de l’émotion dans l’intelligence, je me suis senti super reconnaissant d’avoir pu rassembler autant de gens passionnants et passionnés. Et si différents. Mais avec un truc qui nous fait nous ressembler : l’envie de penser par nous-mêmes. Et une certaine forme de curiosité.

A un moment, en écoutant Julia raconter comment elle essayait, depuis son bureau de tabac/ maison de la presse, de faire travailler l’esprit critique de ses clients par rapport à l’information, Geneviève s’est exclamée : « Julia fait le même travail d’éducation avec ses clients que moi avec mes élèves ! » Et Isabelle a eu cette très jolie phrase : « C’est chouette ce rôle de vigie de l’info » ! Et puis Laurent nous a parlé de son site qu’il a monté pour nous aider à nous y retrouver dans le chaos de l’info concernant le réchauffement climatique et calculer son empreinte carbone sans idées reçues. Tous sont, à leur niveau, sur le terrain, des vigies de l’info. Un peu comme nous chez Flint. Un peu comme toi peut-être autour de toi, puisque tu as fait le choix de te poser des questions. Et je trouve que ça nous rend assez géniaux. Et moi ça me rend optimiste. Je te propose de remettre ça dans un mois. En attendant, tu peux rejoindre le groupe Discord de Flint ici, et échanger avec plus de 600 personnes très cool.

Voilà. Je te laisse avec la jolie lettre que Julia m’a envoyée le matin de la soirée sur Discord, qui te donnera peut-être des idées pour m’écrire !

« C’est une super idée, cette soirée !
(Bon je serai un peu en retard : je bosse jusqu’à 19h)

Ça fait plein de fois que je veux t’écrire parce que je raffole de tes Flint dimanche. Mais je n’ose pas, ou je ne prends pas le temps d’écrire quelque d’intelligent…

J’ai écouté (mais j’étais au boulot) la rencontre organisée par Lita et après je me suis demandé quel était mon rapport au flux perpétuel d’informations quotidiennes, sachant que je n’ai pas la télé, et que je pense depuis longtemps qu’on rendrait un grand service à l’humanité en posant une bombe sur les serveurs de Facebook (et désormais peut-être que Twitter pourrait en prendre une aussi…). Par contre, mon entreprise, c’est un tabac presse, du coup j’ai accès à tout ce que je veux. Mon quotidien préféré, c’est La Croix , déjà parce qu’il n’y a pas de fautes (d’orthographe, de syntaxe, etc.)!!! Ensuite il y a toujours des repères dans un petit coin de l’article page 2et3 pour mettre l’info en perspective. Et enfin parce que si tu veux savoir ce qui se passe dans les coins reculés de la terre dont tout le monde se fiche éperdument parce qu’il n’y a que des pauvres qui y vivent et pas de pétrole, tu as le Times (je suis pas assez douée en anglais) ou La Croix. Et si tu veux lire des nouvelles positives, il y en a aussi. Les Libé, le Monde, c’était bien quand j’étais jeune (j’ai 48ans), mais c’est trop politisé aujourd’hui, je trouve. Même la ligne éditoriale de l’Equipe s’est dégradée !


En ce moment, je suis en train de lire Socialter sur le langage, la couverture parle de Censure. Et voilà ce que j’aime lire pour m’informer. Des articles qui m’aident à réfléchir sur le fond, je suis de formation universitaire : il me faut du temps pour métaboliser l’information afin qu’elle nourrisse ma réflexion.
Et professionnellement, pour la bonne marche de mon entreprise, j’ai plutôt besoin d’une vision à moyen et long terme, et pour ça, nos organisations professionnelles nous donnent les outils, les partenaires aussi : fournisseurs, banquiers, comptables. Je veux dire par là que l’actualité quotidienne me concerne plus en tant que citoyenne qu’en tant qu’entrepreneur.
Dans ce que mon robot m’envoie, je lis souvent les articles des mêmes sources, the conversation, notamment. En fait, c’est à ça qu’il me sert mon robot, à me prévenir qu’un article susceptible de m’intéresser vient d’arriver. C’est presque un fonctionnement à rebours de ce que Flint propose, non ? Si c’est le cas, j’en suis désolée ?.


Bon allez je te laisse préparer tes cocktails pour la soirée !
Merci d’être toi !


Julia
(Oh mince, il fait 14 kilomètres, mon mail ! Pardon !) »

Ce billet est un extrait de la lettre hebdomadaire « Flint Dimanche », qui explore avec toi comment nous pouvons mieux nous informer dans un monde rempli d’algorithmes. Pour la recevoir, abonne-toi à Flint ici. Tu recevras également une sélection de liens personnalisée, envoyée par l’intelligence artificielle de Flint.