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Les mots de l’info : l’équivalent CO₂ qu’est-ce que c’est ?

Les mots de l’info : l’équivalent CO₂ qu’est-ce que c’est ?

Utiliser Netflix ou envoyer un mail émet de 4 grammes à 400 grammes d’équivalents CO₂… oui et alors ? Qu’est-ce que cela signifie ? L’expression d’“équivalent CO₂”  très souvent utilisée dans les médias est une notion particulièrement technique, mais très pratique pour comparer les effets environnementaux de diverses sources, qui rejettent des gaz différents. Il m’a semblé important de m’y attarder avec toi pour faciliter l’usage de cette mesure. Tu vas voir, c’est plus concret qu’il n’y paraît.

💡 Pourquoi c’est intéressant ? À quelques mois de l’élection présidentielle, les débats sur l’énergie et l’environnement vont se multiplier, et l’utilisation de l’expression “équivalent CO₂” avec. Comprendre ce qu’elle recouvre permet de mieux appréhender ces sujets et de se faire plus facilement sa propre idée. 

Les faits

On ne peut pas aborder la notion d’équivalent CO₂ sans évoquer dans un premier temps le potentiel de réchauffement global (PRG). Selon Vedura, société spécialisée dans la formation au développement durable, cet indice permet de comparer “la contribution d’un gaz à effet de serre au réchauffement climatique par rapport à celle du dioxyde de carbone (CO₂), sur une période donnée”. Autrement dit, l’effet de serre provoqué par le CO2 sert de repère pour mesurer celui de tous les autres gaz. Cette mesure considère le PRG du CO₂ à 1. Les autres gaz mesurables grâce à cette échelle sont listés par l’Insee : le méthane (CH₄), le protoxyde d’azote (N₂O), les chlorofluorocarbures (CFC) et hydrofluorocarbures (HFC) et l’hexafluorure de soufre (SF₆) (les trois derniers sont souvent rassemblés sous le nom de gaz fluorés). 

L’Agence de la transition écologique (ADEME) ajoute que ce PRG est établi sur une échelle de temps caractéristique : 20, 50, 100 ou 500 ans. Cela signifie que l’on mesure le potentiel de pollution d’un gaz en fur et à mesure du temps :

🤔 Mais pourquoi ces gaz n’ont pas tous le même PRG ? 

Ils ont chacun leur propre capacité d’absorption des rayons infrarouges (ce qui joue sur leur capacité à réchauffer l’atmosphère) et une durée de vie dans l’atmosphère qui varie (Calculcee). Par exemple, Futura Sciences indique que le CO₂ reste dans l’atmosphère pendant une centaine d’années, lorsque le CH₄ n’y demeure qu’une douzaine d’années (dans son tableau, le GIEC indique également la durée de vie de chaque gaz). 

🧐 Comment connaître le PRG de ces gaz ? 

À chaque rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) met à jour le PRG (GWP en anglais) pour chaque gaz, sur 20, 100 et 500 ans (tout le tableau à retrouver ici dans le dernier rapport du GIEC, p1842-1853). Plus la valeur du PRG d’un gaz est grande, plus ce gaz contribue au réchauffement climatique. Par exemple, le CH₄ au PRG de 27,9 sur 100 ans lorsque celui du N₂O est de 273 sur 100 ans. Cette valeur peut grimper à plusieurs milliers pour certains gaz, ou au contraire peut être inférieure à 1 pour d’autres. Elle varie en fonction de la période donnée. 

🤷 Ok, mais quel est le lien avec l’équivalent CO₂ ? Tout : le PRG sert de base à l’équivalent CO₂. 

L’équivalent CO₂ (eqCO₂, eq. CO₂, CO₂-eq, CO₂e) est une unité créée par le GIEC (Hellocarbo) Elle permet de comparer entre eux les impacts des différents gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique, en les “convertissant” sous le même indice. Généralement, on exprime les émissions d’équivalent CO₂ en millions de tonnes. 

Cette unité est valable pour tous les gaz à effet de serre. Le CO2 est, lui, le “gaz de référence”. 

❓ Pourquoi a-t-on besoin de faire ça ? 

Car toutes les activités humaines ne rejettent pas les mêmes gaz à effet de serre, et donc ne polluent pas de la même manière : le CO₂ est principalement produit par la combustion d’énergies fossiles (transports, industrie, agroalimentaire) ou encore la déforestation et tout autres changements de sol. Le CH₄ provient des activités d’élevages, des décharges, des exploitations charbonnières, pétrolières et gazières. Le N₂O lui est émis par l’épandage d’engrais azotés et par certaines industries chimiques. Enfin les gaz fluorés (CFC et HFC) sont produits par les systèmes de réfrigération et de climatisation (Agence parisienne du climat). 

🧮 Concrètement, comment calcule-t-on l’équivalent CO d’un gaz ? 

Maintenant que tout ça est posé, il n’y a plus qu’à appliquer la formule suivante : 

tonne d’équivalent CO de gaz(A) = tonne de gaz(A) x PRG de gaz(A)

→ Avec cette formule, on peut alors se représenter les émissions de gaz à effet de serre A par rapport aux émissions de CO₂ et ainsi se faire une idée sur l’impact environnemental de telle activité ou de tel outil. 

🤓 Dans la vraie vie, ça donne quoi ? 

C’est toujours utile de mettre en pratique. Dans notre dernier newskit, on parle de la pollution du streaming vidéo. Tu te doutes que les data centers et par exemple la voiture, le train ou l’avion, ne rejettent pas tous les mêmes gaz à effet de serre, ni en même quantité (Le Figaro, OuiSNCF, Geo). 

C’est ici que l’équivalent CO₂ devient nécessaire pour faciliter la comparaison. 

Par exemple, l’International Energy Agency (IEA) estime qu’une heure de streaming vidéo = 36 grammes d’eqCO₂. À côté de ça, Carbon Literacy Project évalue que 1 kilomètre en voiture = 100 à 150 grammes d’eqCO₂ par passager. En train c’est moins (2,4 à 29,4g par passager) et en avion beaucoup plus (145 à 285g par passager). En résumé, regarder une heure de streaming équivaut, en termes d’impact sur le réchauffement climatique, à parcourir entre 240 et 360 mètres en voiture.

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