[Algorithmes, IA] Stupid or not stupid, that is the AI question

Dans le dernier épisode, nous étudiions quatre familles d’algorithmes. La dernière, celle qui trace nos activités “sous le web”, a fait des bonds énormes dans les dernières années… et c’est ce qui fait parfois peur. Mais tu vas voir, ces technologies permettent de poser quelques questions franchement passionnantes sur l’intelligence non artificielle : la notre. 

➡️ Sur les quatre familles qu’identifie le sociologue Dominique Cardon, le groupe d’algorithmes placés “sous” le web est celui qui a le plus profité des récents progrès de deux techniques spécifiques, l’apprentissage automatique (machine learning) et l’apprentissage profond (deep learning). Ce sont ces algos-là qui suscitent le plus de fantasmes, parce qu’ils sont capables de battre des humains au jeu de Go, de diagnostiquer des risques de cancer mieux que quiconque ou encore de produire des textes et du code qui pourrait être pris pour des productions humaines (Le Monde, Le Figaro, Technology Review). Ce sont aussi ceux-là qu’on qualifie, le plus souvent, d’“IA faibles”. 

➡️ Yann Le Cun, expert mondial de l’apprentissage profond et responsable de la recherche en IA chez Facebook rappelle pourtant que les appellations d’“intelligence” artificielle et même d’“apprentissage” machine sont trompeuses (Les Échos). Si l’on considère que ces outils présentent de l’intelligence, alors celle-ci ne ressemble en rien à celle des humains (elle est hyper spécialisée et non transférable d’un domaine à un autre : Alpha Go ne sait que jouer au Go, pas repérer des chats dans des banques d’images). Et s’ils apprennent, ils le font de manière très différente que les humains puisqu’il faut leur donner des monceaux d’informations pour qu’ils puissent y détecter des tendances, des probabilités, des éléments précis. 

➡️ Les bonds en avant de la recherche puis des applications de ces technologies ont en revanche ouvert de nouveaux espaces de réflexion sur ce qu’est réellement l’intelligence, ce qui la rend humaine ou non. Chercheuse en IA et simulation du comportement humain à l’Université Grenoble-Alpes, Carole Adam explique même : “l’intelligence artificielle cherche à reproduire des comportements humains, ce qui est impossible à faire si on ne comprend pas ces comportements. En cela, le développement de cette discipline a permis de faire de vrais progrès dans l’appréhension de certains de nos biais, de la manière dont se forment certaines décisions irrationnelles, des façons que nous avons de penser, etc”. Si les batailles d’experts vont bon train pour savoir si l’on risque de connaître un jour une machine douée de conscience (Mind Matters, Salon), la multiplication des algorithmes et leur imitation de certaines connaissances biologiques déclenchent aussi des discussions sur la ou les définitions de l’intelligence, le jeu entre rationalité et émotion, les limites de nos capacités… ou encore sur l’évolution des interactions entre humains et machines (Interstices, IEEE Spectrum). 

Bon donc tout ça permet de réfléchir voire de mieux nous connaître. Pas de quoi flipper ? C’est vrai, l’IA soulève tout un tas de champs de réflexion passionnants. Mais on verra dans le prochain épisode que ces machines restent des créations humaines. Ce qui signifie qu’elles présentent autant d’imperfections que nous !