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L’info, c’est de l’info ? Euh… – Flint Dimanche #48

L’info, c’est de l’info ? Euh… – Flint Dimanche #48

Comment ça va ? Moi, tu vois, je me sens comme ces matins pluvieux où j’ai l’impression qu’il fait beau. En général, le temps gris, ça nous déprime. Mais il y a une tradition danoise, tu sais, absolument incompréhensible pour les Européens du Sud biberonnés aux flashs météo à la télé, qui s’appelle le Hygge. Alors c’est absolument imprononçable (il faut dire « houuuga » je crois), et surtout intraduisible chez les gens qui ont du soleil la plupart du temps. En gros c’est le bonheur que tu ressens quand il pleut et qu’il fait froid dehors tandis que toi tu te détends, tranquille, au coin du feu, ou dans ton salon rempli de bougies, à lire un livre en chaussettes moches ou à discuter gentiment avec tes amis en évitant de t’engueuler ou de te mettre absolument en avant. Pas très français, hein ?

Eh bien ce matin, je sais pas toi, mais moi je me sens Hygge. Je veux dire, dehors, dans le monde, on a l’impression que c’est globalement gris, pluvieux, covidé, dépression et grosses engueulades sur les réseaux-sociaux (et donc à la télévision) pour un tout ou pour un rien, mais moi je suis de bonne humeur. Ce matin, je me suis levé de bonne heure, j’ai relu une dernière fois tout ce que tu / vous m’avez écrit la semaine dernière, j’ai fait quelques dessins, je me suis servi un café, j’ai entendu des voisins s’engueuler sur le palier à propos de leurs enfants et du fait qu’ils faisaient trop de bruit le matin en jouant (« Mais appelez donc la police Madame ! Quelle intolérance ! »), j’ai ouvert les rideaux, mis une chanson d’Etta James, j’ai dansé un peu en souriant en mode « Hello Ciel gris ! ». Bref, je me sentais Hygge.

Il n’y a que ça à faire, non ? Prendre soin de soi, prendre soin des autres, s’offrir des raisons d’être bien, ralentir un peu le temps, prendre le temps, prendre du recul. Les Danois ont de longs hivers tous noirs, c’est pour ça qu’ils sont Hygge. Sinon ils pèteraient les plombs. On va donc faire comme ça, d’accord ?

💌 Claque postale

Mon premier bonheur de cette semaine ? Une bonne grosse sensation de gratitude en découvrant les réponses au « grand questionnaire Flint 2021 sur notre rapport à l’information après un an de gros bordel » que je t’ai fait parvenir dans ma lettre de dimanche dernier. Si tu as oublié, ce n’est pas grave, voici les réponses.

Je vais être sincère, j’ai pris une énorme claque. Une claque d’intelligence, de la part de près de 800 d’entre-vous. J’avais lancé un questionnaire similaire l’an passé, et le contraste entre les réponses de 2020 et 2021 est marquant. Je ne sais pas si c’est un an de crise sanitaire et de gros chaos de l’info qui nous a rendus tous plus intelligents et plus sages, mais j’ai trouvé dans ces nouveaux témoignages, un an après, une matière incroyable pour inventer avec toi le Flint de nos rêves.

J’ai même appris un nouveau mot, même si je ne suis pas sûr qu’il existe, mais je l’aime bien : « Triguler » l’information. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Tu le découvriras plus bas, parmi d’autres trouvailles enthousiastes de ce questionnaire 2021.

Certains lecteurs m’ont avoué avoir été (très) agacés par le fait de ne pas pourvoir choisir plusieurs réponses aux questions. C’était super énervant, je sais, je ne cherche même pas à me défendre. Je ne suis pas sûr d’avoir appliqué une méthode. Disons que c’était une méthode… artistique. C’était moins la tendance qui m’intéressait que l’expression d’un sentiment, mais aussi de la matière créative.

Du coup, certains petits malins ont trouvé la parade : ils évitaient les réponses toutes faites et sautaient directement à la case « autre » pour commenter librement la question ! A certaines questions, j’ai reçu près de 50% de réponses « autres », toutes plus intelligentes et inspirantes que les autres. Bref, je suis content. Tout le monde a été parfait dans cette histoire.

Tu vois, je vais te dire, depuis que nous avons réussi cette levée de fonds participative à la fin de l’année, j’ai l’angoisse de la page blanche. Avec les crises successives, l’information a pris tellement de place dans l’avenir de nos civilisations que j’ai l’impression de devoir essayer de régler tous les problèmes du monde en même temps avec notre petit Flint. Alors j’avais besoin de ton aide. Nous sommes une minuscule équipe face à un problème gigantesque et complexe. Mais maintenant je me dis que nous sommes beaucoup plus nombreux pour trouver des solutions, parce que tu es là, parce que les autres abonnés sont là. Et que visiblement les idées ne manquent pas. C’est pour ça que je suis content ce matin.

Je te propose donc ce dimanche de découvrir toute cette matière. Elle t’aidera certainement réfléchir toi aussi. J’en profite pour recommander à tous les journalistes ou professionnels des médias qui lisent cette lettre (c’est à près de 12% des abonnés selon le questionnaire) de parcourir toutes les réponses libres parce qu’il y a beaucoup à apprendre. Ok, il y en a plus de 500, mais j’en ai sélectionné, hum… beaucoup. Mais je t’assure, c’est une bouffée d’air frais 🙂

Tu n’es pas obligé(e) de tout lire d’un coup ! Pas de règles ! On s’en fout. Tu peux même survoler cette lettre, chapitre par chapitre et prendre ce qui t’intéresse selon les questions abordées. La vie est belle. Et si tu en as marre, fait défiler cette lettre en mode barbare sans aucune culpabilité jusqu’à la fin, yalla, j’ai une surprise pour toi.

Histoire d’égayer encore plus ta journée, j’ai décidé de l’illustrer avec des pingouins rigolos inspirés de Xavier Gorce parce que c’est un peu le bordel en ce moment dans les médias sur ce sujet (Xavier Gorce a démissionné du Monde cette semaine pour une caricature qui a fait polémique).

(Les dessins sont de moi 😁)

Allons-y !

Tout d’abord, tu peux retrouver l’intégralité des réponses au questionnaire ici. Comme ça pas de secret.

QUI CROIRE ?

Oui parce qu’entre Didier Raoult, Donal Trump, Olivier Veran et « celui qui n’est pas médecin mais »… il y a de quoi devenir fou, n’est-ce-pas. Mais qui croire quand on parle d’information ? Est-ce que tu es un(e) rebelle systématique de la pensée unique ou est-ce que tu privilégies la concorde sociale ? Mais ça veut dire quoi « croire » ? Difficile de mettre en avant une « bonne » réponse.

Tout d’abord, la « tendance », forcément simplificatrice, donc agaçante :

Tout le monde s’est donc rué sur la case « autre » et les commentaires. J’en ai compté 372 ! Je te laisse picorer parmi ces perles et choisir ton « camp », haha :

« Le fait de croire est spécifique à chaque situation il n’y pas de règle. »

« J’ai tendance à croire celui ou celle qui rappelle les faits, donne les sources, explique son raisonnement, précise les limites, n’hésite pas à questionner même le consensus, argumente en explicitant les pour et et les contre »

« Celui ou celle qui argumente en s’appuyant sur des faits en essayant d’en donner un éclairage et une meilleur compréhension, tout en conscientisant ses biais et en s’ouvrant à d’autres interprétations. »

« Celui qui est capable d’entendre les arguments adverses et de répondre de manière constructive en s’appuyant sur des faits et qui admet ne pas savoir, s’il ne sait pas. »

« J’ai tendance à croire ceux qui doutent de leur assurance. »

« J’ai tendance à croire une information recoupée de nombreuses fois (et pas simplement répétée). En général, elle fait consensus. ex: si une étude conclut à l’influence des hommes sur le climat, c’est une étude, si 100 études arrivent à la même conclusion, cela ressemble à un fait. »

« Une info qui est partagée entre plusieurs médias et relayée par des personnes de confiance. »

« Je me fie à mon instinct pour savoir ce qui est vrai ou pas (et parfois je me trompe). »

« J’ai tendance à croire ce qui fait sens en moi que ce soit positif ou négatif. »

« J’ai tendance à croire les sources établies de longue date et gérées par des professionnels de l’information. »

« Une information avancée par des acteurs reconnus dans leurs domaines de compétence. »

« Je ne veux pas croire, je veux être convaincu. »

« J’essaye de ne pas croire mais plutôt de vérifier (quand je peux). »

« On peut croire plusieurs personnes qui ont des arguments opposés. »

« J’ai tendance à m’intéresser à celui ou celle qui pense différemment parce que cela peut enrichir la compréhension des faits. »

« Celui qui se donne le temps pour diffuser de l’info. Marre de l’instantanéité. »

« Celui ou celle qui ne se contente pas des limites de notre territoire, qui voit plus haut, plus loin, et qui donne les faits. »

« Je crois en la synthèse de plusieurs informations sources, vérifiées, éprouvée, qui s’appuie sur les faits, l’histoire, la philosophie et en rien sur une idéologie. »

« J’ai tendance à faire une moyenne de beaucoup de sources d’infos, et à challenger cette moyenne avec les valeurs extrêmes. »

« J’ai tendance à croire à une presse indépendante (en fait plusieurs médias, pour pouvoir croiser les informations et me faire mon opinion et je manque de temps pour cela) »

« Je crois ce qui est prouvé par des données, des comparaisons … censées. Je doute gentiment du reste jusqu’à trouver des données valables qui me permettront d’avoir une idée. »

❤️ Celles qui m’ont fait sourire :

« Je ne comprends pas, ici, la notion de croire. Si Dieu fait consensus, alors il faut croire en Dieu ? »

« Je doute et je suis de + en + conformiste »

Ma préférée : « Parfois je trouve intéressant qu’il y ait un doute sur la véracité des informations. »

La plus complexe 🤔 : « J’ai tendance à croire une personne ou une institution qui a fait ses preuves et est prête à en faire la démonstration de manière transparente. En d’autres termes une personne ou une organisation ouverte à la vérification, prête à mettre à disposition l’historique de ses décisions et des conséquences de ces dernières. Dans un monde idéal de métadonnées massives, cela pourrait s’appeler la provenance de la position d’une personne ou d’une institution. »

La plus âgée : « A 87 ans je peux avoir des idées qui proviennent de mon vécu. » Mais ouais !

La plus « doudou » : « La science quand c’est possible, sinon… l’opinion la plus gentille ? » 🐰

La fameuse « perte de confiance », on en parle ?

Oui au fait, on en est où ? Bon, tout d’abord le top 5 :

Les commentaires sont plus nuancés, parce que la confiance c’est complexe en fait :

« Ma confiance n’est pas liée à un media ou une institution ; je pourrais tous les cocher ou les décocher. Ce que j’observe pour ma part, c’est qu’avec ce foisonnement de supports et la compétition pour exister, l’exposition et le buzz prévallent sur toute autre considération. Immédiateté de réaction et polémique sont malheureusement devenus la règle, au détriment de la fiabilité et du fond. »

« Je n’ai pas de crise de confiance de manière générale (politique, média etc) mais plus de manière spécifique (médias d’info en boucle, médias sans vrais journalistes, certains hommes politiques) »

Le film « Hold-Up »

(Si tu ne sais pas de quoi on parle, j’ai déjà traité ce sujet ici)

La tendance est à la « sagesse », on va dire :

Ici aussi les commentaires sont plus équilibrés. Lequel te correspond le plus ?

« Hold-Up a permis de révéler les dysfonctionnements sur la « stratégie » et le plan d’actions des politiques. Il participe à un éveil des consciences et son rejet par les MSM ne fait que confirmer l’absence de liberté de parole depuis l’instauration de la dictature sanitaire et sociale. »

« Il y a des informations correctes et d’autres fausses. La difficulté est de faire le tri entre ces deux catégories. De manière générale, je trouve intéressant de lire ou de regarder des informations qui ne sont pas diffusées par des moyens mainstream pour me faire ma propre opinion. Car qui détient la vérité ? »

« A voir parce que cela dit aussi des choses sur notre rapport à la société. C’est plus cela qui m’intéresse. »

« Pas vu mais pas envie de le voir. je ne supporte plus les énergies négatives et complotistes/ mieux vaut consacrer son temps à faire des choses plutot que de critiquer à tout va. »

« Il s’adresse à la peur par le biais de la peur donc trouve son public, je regarde et cherche aussi les approches différentes afin de construire mon propre sentiment. »

« C’est un danger et apporte du chaos, mais ils se sont très intelligemment servi de la mauvaise stratégie des autorités, pour faire passer des fake news beaucoup plus grosses. »

Notre sentiment quand nous entendons le mot « information »

Alors, la tendance est plutôt à la joie, bizarrement :

Oui mais…

« J’adore et je manque de temps. »

« On a une information de qualité dans les médias sérieux mais certains sujets ne remontent jamais. C’est là que ça se complique. »

« Ni perdu, ni confiant, ni complotiste, l’info sert des intérêts (divergents). »

« Je suis partagé. J’aime le fait de pouvoir me brancher sur FranceInfo et avoir des nouvelles toutes les dix minutes, mais d’un autre côté trop d’info fait monter en épingle des mini-sujets, des choses sans intérêt mais qui génèrent du buzz, c’est à dire de la petite phrase et du commentaire à deux balles. Je voudrais une information plus diversifiée, moins de foot, plus ouverte. »

« J’aime bien lire les infos. Pour être très honnête avec toi, je ne les lis que via les newsletters de tes différents Robots. Et je rajoute une partie infos « injustice, féministe » via des pages de personnalités / militant(e)s sur Instagram. En allant vérifier parfois après sur Google. Exemple ce qui se passait aussi au Burundi et que peu d’infos ont circulé sur ce sujet. »

« Je suis la cible parfaite pour Flint, je veux une info fiable mais pas omniprésente et qui me sort de ma bulle. Qui fait marcher mes méninges. »

Et le résumé de la synthèse : « Trop de quantité, impossible à suivre, toujours à prendre avec des pincettes, décourageant, qui cherche à provoquer une émotion, souvent négative, moralisateur, bonnes nouvelles minorées. »

Voilà, ça, c’est dit.

L’info… c’est la vérité ?

Une bonne question bien relou. Alors, comment dire… hum, peut-on tout dire ?

Là encore, les commentaires reçus sont passionnants, voire carrément philosophiques, mais toujours éclairants :

« L’information doit être un cheminement vers une forme de « vérité démocratique » via des faits relatés avec le moins de biais cognitifs possibles. L’information n’est pas égale à la vérité. C’est une source vérifiée. Mais vérifié n’est pas égal à vérité. La vérité advient quand de nombreux paramètres sont réunis : la fiabilité des sources, une éthique d’information et de compréhension du monde, un accès poussé à des connaissances… »

« Il n’y a de vérité que dans des dossiers analysés dans leurs conséquences et non dans des arguties et croyances. »

« Franchement je ne sais pas! Il y a l’info consommatrice telle qu’elle semble exister (tant que celui qui traite et diffuse l’info le fait pour gagner de l’argent alors c’est lourdement biaisé). Il y a l’info telle que j’aimerais qu’elle soit: un média qui te permet de te grandir, avec le moins de biais possibles, constructif. En tout cas, l’info ne peut a priori pas être la vérité tellement le monde est complexe et parfois tres subjectif 🙂 »

« L’info, c’est un fait dont la retranscription est une question de point de vue. »

« La notion de vérité est quelque part modulable. Dans une certaine mesure, comme la beauté, il en découle un aspect complètement subjectif. D’une vision à une autre, la vérité peut être totalement opposée. L’information est là pour nous donner des faits et des clés de compréhensions, ensuite nous les interprétons pour créer notre propre vérité. »

« Il y plusieurs faces au dés de la vérité. Ce qui est important c’est quels interêts sert cette face. »

Enfin, je ne m’attendais pas du tout à ce commentaire-là (tu en penses quoi ?): « L’info se rapproche pour moi de la vérité lorsqu’elle permet, comme dans la perspective pragmatique, d’aller d’un point A à un point B sur la carte du monde, autrement dit d’avancer et d’ouvrir des possibilités. Quelque part ce qui distingue pour moi le vrai du faux est que tôt ou tard la fausseté ou le mensonge ferme des possibilités tandis que le vrai permet d’en ouvrir toujours plus. D’où ma confiance dans la science et les institutions car leurs projets visent en général plutôt à ouvrir des possibilités qu’à en fermer. »

Et les théories du complot, on en parle aussi ?

Si les complots n’existaient pas, pourquoi aurait-on inventé le mot complot ? Hein ? Bizarre non ? Je pose la question. Hum.

Maintenant nuançons avec ces quatre commentaires:

« Il faudrait définir ce qu’est un complot. « L’étymologie ne semble pas simple :  » « foule compacte » « accord commun, intelligence entre des personnes » « conjuration », la forme féminine complote « rassemblement (dans une bataille) » ». Il n’y a pas de complot mondial. (Mais) une somme gigantesque de « mal-information », de conflits d’intérêts, de déficit de connaissance et de compréhension du réel, qui pousse « complotantes » contre « non-complotistes » dans un combat assez mortifère pour la démocratie quand l’utilisation de ce mot, d’un camp comme de l’autre est utilisé pour disqualifier et éliminer et le point de vue de l’autre et son point de vue. A ce moment là il n’y a plus de chemin possible pour la démocratie car plus de rencontre des hommes et des femmes et des idées. On disqualifie l’autre en le chosifiant, le mettant comme un objet de complot et non un être doué d’intelligence avec qui se relier en dépit des désaccords profonds. »

« Je serais plutôt dans la position de l’agnostique pour la question de l’existence de dieu… Peut-être que ça existe, ou pas, peu importe, on fait au mieux avec la réalité. »

« Il y a toujours eu des complots, il y en aura toujours. « Mondial », c’est la limite des intérêts divergents et de l’incapacité des ego à converger. »

« Pas de complot mondial bien sûr… La seule course à une croissance effrénée et illimitée, comme unique projet dans nos sociétés développée, endosse seule la responsabilité de tous nos maux, mais aussi du progrès… Et nous devons choisir, or choisir c’est renoncer, et il semble que notre passivité penche plutôt pour le confort du progrès. Ce choix acté, il nous sera facile de comprendre que nous sommes tous acteurs de ce qui est appelé « complot »… »

À quoi sert l’info ?

S’informer, c’est plus que s’informer, ça sert à, hum, ça sert à …

Oui mais aussi...

« … à être dans un monde qui ne se limite à mon pâté de maison. »

« … à prendre des bonnes décisions. C’est la base de la prise de décision, l’information. Et en démocratie, la prise de décision collégiale, c’est important. »

« … à communiquer à partager. »

« … à comprendre le monde et à anticiper. »

« N’ayant plus trop le temps pour l’info qui m’ouvre aux autres, c’est plutôt l’info qui m’aide dans mes projets (hélas). »

Le principal problème à régler dans les médias

Rien de bien nouveau en terme de tendance…

Mais les commentaires permettent d’aller plus loin :

« Ils sont prisonniers de la problématique du financement d’une info de qualité, manquent souvent d’esprit critique, de recul. Et, pour les principaux, forment un entre-soi, de connivence avec les élites économiques et politiques, qui diffusent un message formaté. »

« Beaucoup de tout ça mais pour moi le problème principal est qu’ils n’ont pas assez de temps avant de pouvoir publier l’information et/ou ils ne sont pas assez nombreux pour la vérifier, la triturer, la challenger et avoir une vraie réflexion sur ce qu’ils publient. »

« Ils manquent d’introspection et de transparence sur leurs valeurs qui déterminent l’orientation de leur travail. Donc, ils mentent parfois à eux-mêmes et aux autres. »

« Il manque un comparateur de qualité des traitements des infos par les médias. »

« Le biais du journalisme est qu’il doit gagner de l’argent avec l’information. Il y a donc un choix dans les informations et la façon de les présenter. »

« Les principaux médias, nous plongent dans une négativité constante et nous amène à penser que tout est sombre, et qu’il n’y a pas de solutions. »

Et si nous pouvions faire quelque chose, ça serait quoi ?

Il y a pas mal d’idées !

Une qui revient souvent dans les commentaires, par exemple, c’est « participer au financement des médias » (via l’abonnement ou l’actionnariat) : « J’aimerais être mécène d’un média ».

Sinon il y a aussi des propositions de loi 🤔 :

« Je voterai pour le démantèlement des gros groupes de presse détenus par les majors. »

« Je voudrais qu’une partie de mes impôts contribue au financement de médias réellement indépendants et qui acceptent de se soumettre à un code et un Conseil de déontologie. »

« Je ferais passer une loi pour éviter les conflits d’intérêts dans les médias et que systématiquement une information soit abordée selon plusieurs points de vue et des faits. »

❤️ Mes deux préférés :

« Désinstaller Facebook des téléphones de ma famille »

« Dormir un peu… »

Bien s’informer c’est quoi ?

Alors c’est compliqué parce que nous sommes… compliqués. Nous voulons un maximum d’approches différentes pour nous faire notre propre opinion mais, en même temps, nous voulons de la synthèse ! Prise de tête, non ? Non. Normal. Ok.

Mais alors comment on fait ? Eh bien par exemple…

« Un sujet approfondi, avec plusieurs sons de cloche (économiste, poète, illustrateur, professeur, citoyen…), comme le magazine « Le 1 » par exemple.

Mieux :

« Une information à tiroirs : le résumé en quelques lignes, puis creuser selon ce qui m’intéresse. La newsletter éditorialisée flint fait ca très bien. » Cette idée revient très souvent dans les propositions : « De la synthèse de tout et je creuse ensuite. »

« De la synthèse, mais avec toutes les sources détaillées disponibles afin de pouvoir creuser et prendre le temps sur les sujets que je souhaite approfondir »

« Une sélection de sources hétérogènes qui travaillent chacune correctement et dont je peux comprendre les biais pour me faire une opinion. »

❤️ « Triguler », du verbe, hum… « triguler ». Et POURQUOI PAS ? « Trouver des sources /experts identifiées et de nature différente afin de « triguler » construire et valider des points de vue. »

Un média qui avoir confiance ?

« Un média qui serait un service public contrôlé par des citoyens, qui expliquerait sa méthodologie, listerait ses sources objectives et afficherait la bio des journalistes et leurs conflits d’intérêt. Bref un média informant en toute transparence. »

« Un média qui expliquerait sa méthodologie et listerait ses sources objectives et Un média qui serait un méta-média, qui me proposerait un panorama de toute l’info disponible avec les clés pour m’y retrouver. »

​​J’aime bien celui là, ça pourrait ressembler à Flint. Alors justement…

Alors, justement, Flint c’est quoi ? Surtout : ça devrait être quoi ?

Là j’avoue que les réponses m’ont scotché.

Une méthode ? Un peu comme une application de régime alimentaire, mais pour l’information ? Ça fait réfléchir. J’aime beaucoup cette idée. J’en ai reçu beaucoup d’autres. Qu’en penses-tu ?

« Deux questions dans cette question. Du coup tu ne pourras pas savoir ce que les gens pensent vraiment de ce que flint devrait être ou est 😉. Pour moi pour l’instant cest un outil dinformation (surtout la lettre du dimanche) pratique et qui me donne les clefs pour mieux minformer, penser et débattre. Le tout efficacement. Ça pourrait être la même chose transposé en une application (un peu comme Google Actualités) mais dont le contenu serait bien mieux construit et de qualité. J’aurais cette app à portée de main et je pourrais consommer l’info à souhait au lieu d’attendre le dimanch (je lis google actu tous les matins pour la diversité de l’info mais tous les sujets sont peu approfondis… c’est triste). »

« Plutôt la plateforme de tri de l’info avec des options d’interactivité, des filtres de tri etc… Bref moi j’ai vraiment besoin de remplacer Google News et je trouve rien donc je compte sur vous !!!!! »

« Un algorithme qui synthétise les différentes infos, et les note en fonction de la qualité du sourcing. »

« Authentique, fun, intelligent et osé. »

Et cette idée originale de Marie, qui m’a envoyé une lettre cette semaine : « La place des citoyens est minime aujourd’hui dans la construction de l’information ce qui contribue à la défiance de la fabrique de l’information. Flint dans les écoles primaires et maternelles ce serait vraiment intéressant. Que les élèves puissent produire leur propre journal qui ne parle pas seulement de ce qui se passe en classe mais aussi dans le monde. Que les élèves aient des conférences de rédaction commune avec des enfants d’autres pays appuyés par des journalistes pour leur apprendre à dialoguer avec et sur l’information. »

❤️ Et enfin, mon préféré : « Flint : un délire de mec d’école de commerce qui veut faire son intéressant sans aucune imagination. »

Voilà ! Tu n’imagines pas le temps (et les nuits) que ça m’a pris de défricher tout ça, de prendre des notes, d’imaginer des trucs à tester chez nous, de sélectionner les plus intéressants, puis de sélectionner encore pour ne pas que ça soit trop long pour toi. Oui je sais c’est trop long. Mais au moins c’est posé et tu pourras y revenir de temps en temps. Nous allons y revenir. Nous avons demandé à un sociologue d’analyser toute cette matière de façon anonymisée, mais aussi celle de l’an passé, et d’en tirer des pistes qui nous feront réfléchir. Je t’en reparlerai.

En attendant, je t’invite à participer à l’étape suivante, c’est à dire nous aider à inventer le Flint de demain, qui répondrait en partie à toutes ces attentes. Elles sont assez diverses dans leurs expressions, mais j’ai retenu quelques lignes communes qui me donnent de l’énergie et des idées. J’ai compris que nous voulions tous avoir accès à des opinions et des interprétations des faits différents. Pour grandir dans notre tête et nos choix, et pour nous faire notre propre idée.

Pour devenir un peu plus visionnaires, et pas seulement subir le chaos à toute allure. J’ai aussi saisi cette idée d’info à tiroirs. Une vision rapide et synthétique, la plus ouverte, et la possibilité de creuser quand je veux, avec les clés pour interpréter et vérifier.

🌊 Un océan de curiosité

Avant de partir, je voudrais partager avec toi la façon de je prépare chaque semaine cette lettre un peu spéciale, parce que ça m’a amené à réfléchir également sur la façon dont nous pourrions mieux nous informer justement.

Cette lettre me prend beaucoup de temps, tu t’en doutes, mais ce n’est pas que de la recherche, ce n’est pas non plus que de la vérification. C’est aussi beaucoup de moments de lecture et d’évasion. Parfois aussi, je prends un livre presque au hasard, une fiction, ou alors un poème, une oeuvre d’art, un arbre, j’échange avec mes amis ou mes collaborateurs, je regarde une vidéo ou j’écoute un podcast qui n’a rien à voir avec le sujet que je veux creuser. En fait j’alterne des phases de travail intense et de flânerie et, bizarrement, c’est ce va-et-vient, cette alternance de lenteur, d’accélération, de concentration et d’inspiration, qui me permet de mieux penser mon sujet. De débloquer mes idées. Et je crois que ça a à voir avec l’information.

Tous ces pas-de-côté nécessaires.

On a beaucoup parlé d’esprit critique, on a peu parlé de respiration. S’informer ce n’est pas qu’une question de faits et de raison, c’est aussi de l’empathie, de l’imaginaire, de la philosophie… de la procrastination peut-être !

Alors, pour terminer, je te propose quelques petits pas-de-côté que Flint m’a fait découvrir cette semaine !

Par exemple, cette nouvelle couleur qui vient d’être découverte. C’est assez inédit, cela fait 200 ans que ça n’était pas arrivé. C’est fou. C’est un nouveau pigment bleu. Il s’appelle « YInMn » (je te laisse trouver la prononciation !). C’est un scientifique qui l’a découvert, ce bleu éclatant. En faisant des expériences sur l’oxyde de manganèse. C’est le premier bleu nouveau du XXIe siècle. Moi je trouve ça cool.

👉 Découvrir l’histoire bleue

Il y a aussi cette fausse histoire incroyable de pirates. Je me souviens qu’elle m’avait fascinée quand j’étais adolescent. De longues années plus tard, j’ai retrouvé une nouvelle édition du livre où je l’avais découverte (« Les Pirates », de Gilles Lapouge). Et l’auteur y expliquait que cette histoire était en fait un mythe inventé de toutes pièces, mais qu’il avait finalement décidé de la laisser quand même dans le livre parce qu’elle en disait peut-être beaucoup plus sur son sujet que si elle avait été vraie.

Cette histoire c’est celle du pirate Misson, une sorte de Robin des Bois des mers qui aurait, disaient les historiens, annexé un territoire à Madagascar, pour y fonder une République utopique et égalitaire. Et, cette semaine, Flint m’a remonté ce podcast qui raconte comment ce mythe s’est transformé en fait historique… et pourquoi c’est cool.

👉 Écouter la fabuleuse vraie fausse histoire du capitaine Misson

Une vétérinaire pour les robots Flint

Tu vois, on pourrait ajouter à Flint une sorte de « terra curiositas ».

C’est Alexandra Apikian qui m’a suggéré cette idée. Alexandra est journaliste et auteure. Elle vit entre Marseille et Paris. Et elle travaille désormais chez Flint comme « vétérinaire des robots » (ou « docteure des robots », c’est toi qui vois…). Alexandra s’occupe de la bonne éducation de tous les robots de Flint, et enrichit la compréhension que l’intelligence artificielle peut avoir de l’information.

C’est un nouveau métier qu’on a presque inventé par hasard. Et qui est devenu aussi indispensable à notre technologie qu’absolument fascinant.

Or il se trouve que, après plusieurs semaines de travail, Alexandra s’est mise à découvrir l’immensité de sujets passionnants que l’on ne voit jamais parce qu’ils sont submergés par le chaos ambiant. Des histoires qui nous sortiraient de nos obsessions, tu vois, qui nous feraient faire ces pas-de-côté, qui nous détendraient un peu l’esprit et l’âme, ou qui au contraire les feraient travailler par friction et stimulation.

Nous aider à devenir visionnaire, ça pourrait être une belle mission pour Flint. Et si s’informer c’était se donner du souffle pour inventer l’avenir ?

Je te laisse avec ça !

Ce billet est un extrait de la lettre hebdomadaire « Flint Dimanche », qui explore avec toi comment nous pouvons mieux nous informer dans un monde rempli d’algorithmes. Pour la recevoir, abonne-toi à Flint ici. Tu recevras également une sélection de liens personnalisée, envoyée par l’intelligence artificielle de Flint.