09-03
Flint Production
J’ai trié pour vous 150 sources d’info sur la guerre en Ukraine, voici le résultat
Dans sa mission de te faire découvrir de nouvelles voix dans l’information, Flint te propose aujourd’hui de lire ce billet publié par Laura Bokobza, « Sparring Partner de dirigeant.e.s » (et membre de la communauté de Flint) dans sa newsletter « Le Comment du Pourquoi ». Tu peux découvrir le profil de Laura ici, et t’abonner à sa lettre là.
Je ne sais pas toi, mais j’ai la tête qui éclate, j’voudrais seulement dormir. Littéralement. Je ne dors plus, et (très) mal. Je tombe du lit avant 4h du mat’ tous les jours, ce qui est encore plus tôt que mon 5h30 sans réveil usuel.
Nous sommes toutes et tous affecté·e·s par les événements. Une preuve de plus du biais de proximité, bien sûr, puisque le conflit la guerre actuelle n’est pas la seule en ce moment. Pourtant, c’est celle qui occupe nos medias, nos business, nos esprits et nos coeurs. Et en partie avec raison, puisque la proximité géographique en fait un danger certain. Et en partie pas, avec en plus de la proximité le biais de victime identifiable qui joue (et est joué) à plein par les medias, sociaux ou non, et nos vies quotidiennes aussi sans doute. On a même la Marvelisation de certains protagonistes, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky (retour en boomerang de son utilisation des réseaux ?). Un risque amplifié par la sur-information autour de cette guerre. Et un essai bien futile de memifier ou « pop-culturiser » une réalité pourtant bien là, pour se distancier. Mais je doute que ce soit une bonne solution.
D’habitude, une fois choisi le sujet du À la Une de la semaine, je lis 30 à 40 articles autour du sujet, et j’en sélectionne beaucoup moins à vous partager. Cette semaine, j’ai lu plus de 150 documents. Des medias traditionnels, des tweets, des newsletters d’individus, des communiqués de presse d’entreprises, des dépêches Reuters… Parce qu’ils sont là. Disponibles. Tentants. Avec toujours le question de la source à l’esprit – pas tant en termes de fiabilité, mais en termes de prisme. D’angles. De biais, justement. Bref, je digresse, car ce n’est pas du tout ce que je vous avais promis comme analyse, et d’autres font cela bien mieux que moi, comme Benoît avec Flint.
J’ai essayé de ranger un peu les choses, j’espère que ça t’aidera à y voir plus clair.
Information et désinformation sur les réseaux sociaux
Toutes les guerres ont connu leurs vagues de propagande et désinformation, mais rarement la vitesse de propagation n’a été telle. L’algorithme de TikTok est « idéal pour la guerre« . Meta a du mal à lutter contre les faux comptes. Twitter publie une liste de sources fiables.
On doit tous être très prudents pour éviter d’amplifier ce qui pourrait être faux, comme ces 10 mythes.
Il y a même une légende urbaine qui s’appelle le fantôme de Kyiv.
Les ukrainiens ont essayé de détourner les avis Google et TripAdvisor pour informer la population civile russe de ce qu’il se passait. Les français se sont eux quant à eux rués sur les réseaux sociaux pour partager infos et inquiétudes.
Mesures prises par le business, la tech, la pub, et les annonceurs vis-à-vis de la Russie
Mais les plateformes ne se sont pas contentées d’essayer de lutter contre la désinformation, elles ont aussi réagi de façon plus globale (Social Media Today met à jour régulièrement cet article sur le sujet ). À titre d’illustration, Reddit bannit pubs et liens. Toutes les plateformes bloquent RT, d’ailleurs. Spotify a fermé complètement cessé ses activités en Russie, pourtant ouvertes depuis moins de 2 ans.
Les entreprises occidentales ont réagi également, Big Tech et Media bien sûr mais aussi les entreprises du luxe, ou d’autres comme Nike ou L’Oréal, qui ont stoppé leurs activités en Russie. On peut (cyniquement) se demander si c’est par conviction ou pour s’assurer de ne pas perdre les faveurs de leurs clients occidentaux.
Le monde de la pub a annoncé que les agences russes ne seront pas éligibles à concourir aux Cannes Lions de juin. Les agences mondiales ont aussi pris des mesures pour accompagner leurs équipes en Ukraine, Publicis en tête. Même les sommes faramineuses du sponsoring sportif ont une (sale) odeur…
Aide à l’Ukraine, sur leur sol ou depuis le nôtre
L’Ukraine est un des viviers de la Tech, et les entreprises qui ont du staff sur place essaient de les aider tant à partir qu’à rester (Lemon.io avait même anticipé une safe house à Lviv).
Depuis ailleurs, aussi, la Tech essaie d’aider. Tim Cook a prévenu que Apple doublerait tous les dons d’employés à certaines associations. Revolut ne prélève pas de frais pour les dons vers l’Ukraine depuis de nombreux pays (et donnera à la Croix Rouge ukrainienne le même montant que ses clients). Le CMO de AhRefs tweete sans cesse pour lutter contre la désinformation et inciter aux dons. Plusieurs initiatives ont été publiées sur ProductHunt (dont Help Ukraine Win qui a été #2 of the month). Sifted suggère plusieurs façons d’aider si tu as une start-up, et Carenews liste plusieurs initiatives également.
Pendant que Station F, Jobgether et toute la tech française organisent leur soutien, le plus visible des patrons de la Tech sur le sujet reste Elon Musk, qui a livré (en un temps record) des terminaux Starlink à l’Ukraine pour éviter que le pays ne soit coupé d’Internet. Trung Phan revient sur l’historique compliqué des relations du magnat avec la Russie.
Cyber-sécurité, voire cyber-guerre
Aussi terrible que soit le front sur le terrain, ce n’est pas le seul de cette guerre qui est aussi cyber. Et qui dit cyber dit sans frontières. La France se prépare avec en fer de lance l’ANSSI (ses recommandations sont ici), tandis que les sociétés privées du secteur réclament plus de partage d’infos pour être plus efficace.
Au-delà de la France, c’est l’Europe toute entière qui se prépare. Les canaux officiels restent discrets, alors que les noms (et malwares) Cyclops Blink et HermeticWiper circulent, avec Microsoft en première ligne aux côté de l’IT Army ukrainienne. Même les hackers les plus connus ont pris parti : Conti pour la Russie, Anonymous contre.
Rôle des cryptos
Une des nouveautés tech depuis la dernière guerre sur le sol européen est la blockchain. Les donations vers l’Ukraine affluent, mais le côté non-fongible des crypto et autres NFT n’est pas le plus utile en ce moment.
Les Russes aussi utilisent les cryptos, et il semble difficile de les attaquer sur ce terrain. Ce qui n’a pas échappé aux législateurs américains.
Réponses de la Russie
La Russie a bien sûr réagi et souhaite censurer Facebook… Mais pas Instagram ni WhatsApp. Plus pour intimider les autres alors ? Quant à l’entreprise de la Tech la plus en vue du pays, Yandex, le « Google russe », il s’affiche très ouvertement aligné avec le gouvernement et la censure.
Une possible « fracture d’Internet »
Depuis 2019, il existe en Russie une loi qui lui permet de mettre en place un Internet « souverain » baptisé Runet qui lui permettrait de contrôler l’accès de la population, à l’instar de la Chine. Est-ce qu’on va arriver à une séparation ? C’est possible. Un nouveau rideau de fer qui isolerait au moins 140 millions de personnes.
Bizarreries
Même sur un sujet aussi grave, je te livre quelques infos glanées ici ou là qui m’ont fait sourire – ou pas. La résistance passive de Apple Maps qui remet la Crimée au sein de l’Ukraine (sauf si on y accède depuis la Russie), par exemple. L’association des bibliothécaires ukrainiens qui a dû décaler sa conférence, mais prévoit de la tenir « après la victoire ». Et beaucoup moins drôle, le pic de trafic vers un site vieux de 10 ans : un simulateur de dommages suite à une explosion nucléaire, Nukemap.
Voilà, j’ai essayé de te donner une vision exhaustive de ce qui se passe. J’aurai pu enchaîner sur les récents blocages annoncés par Visa et Mastercard ou le rapprochement probable de la Russie avec la Chine pour ses approvisionnements technologiques indispensables. Mais ça fait déjà beaucoup, non ?
Si tu veux discuter de l’Ukraine et partager tes liens, rejoins Laura et plus de 1000 membres Flint sur notre Discord, ici.