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Les métaux : des flux, pas des stocks

Les métaux : des flux, pas des stocks

[NDLR : ce thread a Ă©tĂ© Ă©crit le 10 fĂ©vrier sur Twitter, Ă  l’occasion de la publication de la note du think tank Zenon Research, sur la question des mĂ©taux et de la transition Ă©nergĂ©tique.]

Dans le cadre de nos travaux sur les limites planĂ©taires, le but Ă©tait d’aller au delĂ  de la question des ressources.

La consommation mondiale de mĂ©taux ne fait que croitre depuis 1850 avec une forte accĂ©lĂ©ration depuis 1950. Le Fer reprĂ©sente 94% de la masse totale des mĂ©taux utilisĂ©s- utilisĂ© sous forme d’acier dont la production est de près de 1.9 milliards de tonnes.

Si les quantités utilisées augmentent fortement, le nombre de métaux que nous utilisons est également en forte hausse. Il y a plus de 50 métaux différents dans un smartphone !

La transition Ă©nergĂ©tique doit nous voir passer vers des ressources qui nĂ©cessiteront plus de mĂ©taux par unitĂ© d’Ă©nergie que les sources fossiles. Les renouvelables sont par nature plus demandeurs en mĂ©taux.

Ă€ noter, que si la quantitĂ© de mĂ©taux augmente, les Ă©nergies fossiles Ă©taient utilisĂ©es en quantitĂ©s très Ă©levĂ©es : environ 15 milliards de tonnes de charbon, pĂ©trole, gaz. Une centrale Ă  charbon nĂ©cessite 9000 tonnes de charbon par jour (pour 1GW d’Ă©lectricitĂ©). La demande en mĂ©taux dans le secteur de l’Ă©nergie est donc vouĂ©e Ă  fortement augmenter dans les annĂ©es Ă  venir. Ce qui pose, pour certains mĂ©taux, la question des ressources.

Certains mĂ©taux sont beaucoup plus abondants que d’autres : parmi eux le fer et l’aluminium sont très abondants dans la croĂ»te terrestre. Certains mĂ©taux (or, rhodium,…) sont eux très rares. Ă€ noter : certaines terres rares sont très abondantes.

La tectonique des plaques et diffĂ©rents mĂ©canismes ont menĂ© Ă  la formation de gisements oĂą les mĂ©taux sont beaucoup plus concentrĂ©s et exploitables. Les ressources sont l’ensemble des quantitĂ©s qui sont potentiellement exploitables. Les rĂ©serves sont la partie des ressources qui sont exploitables aux conditions techniques et Ă©conomiques du moment.

Ces concepts sont dynamiques. Les ressources et les rĂ©serves Ă©voluent avec le temps selon les efforts de prospection, l’Ă©volution des techniques, et le prix des mĂ©taux sur le marchĂ©.

Souvent on entend parler du rapport entre les rĂ©serves et la production annuelle, pour qualifier le nombre d’annĂ©es de rĂ©serves pour un mĂ©tal donnĂ©. Les rĂ©serves et les ressources Ă©voluant avec le temps c’est un indicateur assez peu pertinent.
L’exemple du cuivre est reprĂ©sentatif. Le rapport rĂ©serves/production est supĂ©rieur Ă  30 ans depuis 1960. Et ce alors que la production a fortement augmentĂ©. Ce rapport est surtout utile par rapport aux Ă©chelles de temps nĂ©cessaire pour la mise en service de nouvelles capacitĂ©s.

Le concept de criticitĂ© est une analyse multi-facteur qui va bien au-delĂ  de la ressource. On s’intĂ©resse aux risques sur l’approvisionnement, aux possibilitĂ©s de substitution, Ă  l’impact possible sur l’Ă©conomie, aux enjeux environnementaux…

L’Europe Ă©tablit depuis 2011 une liste des mĂ©taux critiques Ă©tablie sur la base des risques sur l’approvisionnement et de l’importance Ă©conomique. Cette liste compte 30 mĂ©taux :

Le problème n’est donc pas tant la ressource que la capacitĂ© Ă  obtenir les mĂ©taux voulus. Notamment, au vu des Ă©chelles de temps très longues dans l’industrie minière les hausses de demande doivent ĂŞtre anticipĂ©es longtemps Ă  l’avance.

Or l’augmentation des capacitĂ©s peut ĂŞtre très capitalistique. L’IEA anticipe des tensions sur l’approvisionnement dans la dĂ©cennie Ă  venir pour le cuivre, le lithium, le cobalt. Cependant, l’Ă©volution de la demande varie beaucoup selon les scĂ©narios et les choix faits concernant l’infrastructure Ă©nergĂ©tique. Mais aussi les choix de mode de transport, la taille des vĂ©hicules Ă©lectriques, etc…

Le recyclage, l’extension de la durĂ©e de vie, l’efficacitĂ© matĂ©rielle, sont des leviers d’action pour baisser la demande. Cependant, selon la durĂ©e de vie des installations, le recyclage ne devient intĂ©ressant qu’après des durĂ©es relativement longues.

On peut aussi mentionner la rationalitĂ© : est-il utile d’avoir des voitures Ă©lectriques de 3 tonnes ?

Enfin, l’Ă©nergie ne reprĂ©sente qu’une partie de la demande en mĂ©taux Cette dernière a tendance a ĂŞtre très corrĂ©lĂ©e Ă  l’Ă©volution de l’Ă©conomie (mesurĂ©e par le PIB).

Plus de dĂ©tails dans l’Ă©tude publiĂ©e le 10 fĂ©vrier.

✍️ L’auteur de l’article : Greg De Temmerman est physicien, spĂ©cialisĂ© dans la transition Ă©nergĂ©tique. Il enseigne Ă  l’Ă©cole d’ingĂ©nieur MINES ParisTech, et est directeur du think tank Zenon Research. Retrouvez son thread au bout de ce lien.