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La France est-elle le 4e pays le plus écologique au monde ?

La France est-elle le 4e pays le plus écologique au monde ?

En bref :

Publié par la Technology Review le 25 janvier 2021 et ardemment discuté lorsqu’il a été repris dans un article de Transitions & Énergies le 5 avril, le Green Future Index place la France quatrième au classement des pays enregistrant les meilleurs progrès vers un “futur bas carbone”. En pleine discussion de la loi Climat et résilience, ce résultat a été salué par le gouvernement mais critiqué par la communauté scientifique, qui juge le calcul biaisé.

🤖 Qui s’y intéresse ? Selon nos robots, le sujet résonne surtout auprès des politiques, des partis, notamment En marche, et des membres du Haut conseil pour le climat, mais pas des scientifiques, ce qui devrait nous mettre la puce à l’oreille.

🗒️ À emporter : devant des chiffres très prometteurs (ou très négatifs), vérifier la méthodologie et ses possibles critiques permet de nuancer. Et si les données sont fournies par un nom ronflant ou une marque très respectée, il peut être utile de s’assurer que la personne ou l’entité a effectivement une expertise sur le sujet qu’elle traite, ça évite de tomber dans le piège du biais d’autorité.

Les faits : 

🎓 Les sources

Technology Review est une revue appartenant au Massachusetts Institute of Technology, dont la place de meilleure université mondiale au classement QS 2021 peut jouer en faveur d’un biais d’autorité. La Technology Review est un média business / technologies de bonne réputation, mais pas une revue scientifique. Transitions & Énergies est un trimestriel lancé en juin 2019. Son directeur de publication est Gil Mihaely (aussi directeur de Causeur et de Conflits), son rédacteur en chef, Eric Leser (ancien du Monde, co-fondateur de Slate.fr). 

– L’article de Transitions & Énergies titre “la France classée 4e pays le plus vert au monde” mais il serait plus juste d’affirmer que la France est simplement quatrième du Green Future Index : celui-ci ne porte que sur 76 pays, et étudie spécifiquement les progrès et les engagements de ces nations pour aller vers “un futur bas carbone”. 

🗺️ La méthodologie

– La méthodologie du Green Future Index consiste à donner des notes sur 10 aux différents pays dans 5 domaines : émissions carbones, transition énergétique, société verte, innovations propres (ou vertes) et politiques climatiques. Ces notes pèsent différemment : les politiques climatiques comptent pour 40% du résultat final, tandis que les quatre autres piliers comptent chacun pour 15% (une critique de cette méthode par Céline Guivarch, climatologue et membre du Haut Conseil pour le Climat, voir aussi l’article de fact checking de France Info).

– Les critiques de l’index soulignent surtout deux points : l’élément qui pèse le plus lourd dans la note finale analyse les promesses des états en matière d’évolution climatique et l’index rapporte chaque résultat au PIB du pays, ce qui conduit par exemple à classer les États-Unis (40e) devant le Bangladesh (69e) alors que les premiers émettaient 16,06 tonnes de CO2 par tête en 2019 contre 0,63 tonnes par tête pour le second.

🔎 La situation française

– Dans le détail du Green Future Index, la France est 13e en matière d’émissions carbones (l’État a été condamné en février pour manquements à ses objectifs de réduction d’émissions), 57e en société verte (bâtiments verts, réduction de la consommation de viande, recyclage, etc), 62e en transition énergétique, 9e en innovation verte et 2e en politique climatique. 

– La France est 5e de l’Environmental Performance Index 2020 (cf ici), indicateur développé par des chercheurs de l’université de Yale et visant à estimer la performance des politiques environnementales, mais encore une fois, les bons résultats de ces politiques est corrélé au niveau de vie, ce qui est sujet à débat (en substance : les plus riches sont les plus gros pollueurs, donc ils ont plus de marge de progrès). En 2018, la France était le 8e plus gros émetteur de gaz à effet de serre par habitant et le 2e plus gros producteur de déchets de l’OCDE. 

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