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De l'enthousiasme du mimosa, hum...

De l'enthousiasme du mimosa, hum...

Je ne savais pas trop quoi t’écrire ce dimanche, alors j’ai feuilleté un de mes carnets et j’ai trouvé ces mots, écrits un matin de cette semaine, tu me diras ce qu’ils t’inspirent.

« Le matin est calme et presque vide, le vent d’été souffle une brise d’automne ou d’entre-deux. Il pourrait pleuvoir. Je capte l’air des plantes, j’écoute le silence de l’abeille un peu plus loin qui traque les dernières fleurs. Ce pot, face à moi, je devrais peut-être le vider de ses vieilles pensées jaunes et y planter de nouvelles graines. Des fleurs des champs ».

Il y a du silence dans ces mots, et c’est sans doute ce silence, rempli de foisonnements, qui survole cette dernière semaine avant mes vacances. Je ne sais pas si tu y es déjà, en vacances je veux dire, ou si tu t’apprêtes à le faire. J’ai parfois le sentiment que l’esprit est comme un jardin. À l’approche de l’été, certaines sèves ralentissent, d’autres s’enterrent, tandis que de nouvelles se préparent à surgir. Les roses au printemps, les tournesols en juillet, les mimosas en janvier, tout finit et rien ne s’arrête jamais. Les plantes de mon jardin m’apprennent leur vie. On déploie ses feuilles, on meurt, on repousse, on laisse s’égayer la surprise, on se fait bercer doucement par le vent.

J’ai un mimosa tellement enthousiaste que j’ai dû l’attacher avec des ficelles pour ne pas qu’il s’effondre sous son déluge de nouvelles feuilles. Les plantes ne sont pas toujours prévoyantes, mais elles débordent d’audace.

🌿 Nos rêves d’enfant

J’ai reçu beaucoup de lettres après mon message de dimanche dernier qui raconte l’histoire d’Elsa. Elsa qui a fait ressurgir ses rêves d’enfant. Par exemple celle de Rémi. Il nous salue depuis Bordeaux :

« Je voulais te remercier pour cet article, parce qu’il m’a énormément parlé. Moi, je ne me souviens pas de mes rêves d’enfant, mais plutôt de mes rêves d’adolescent. Ce que je sais, c’est que depuis que mes passions sont revenues dans ma vie (ma came c’est le skateboard et par extension l’architecture et l’urbanisme), tout me semble beaucoup plus simple, plus limpide et cela me donne une énergie de dingue pour entreprendre : j’ai monté ma boîte, un truc qui me trotte dans la tête depuis 10 ans mais je n’étais jamais passé à l’acte ».

Ça donne envie de savoir ce que c’est, son projet, pas toi ? Je suis curieux.

Ou encore Kedem qui réagit à mon billet d’avant, qui parle un peu de la même chose au fond, de l’enfant en nous (et du coup un peu du mimosa en nous, si tu as suivi), et nous parle du cynisme, qui est son frère brisé :

Cette année, une élève de terminale m’a dit : « Nan mais Monsieur, vous êtes vraiment un gamin ! », ce à quoi je lui ai répondu sincèrement qu’elle avait tout à fait raison. ^^

Moi, j’aime bien ça, dont je ne suis pas peu fier :

« Le cynisme est un éclat de lumière noire. »

Ce n’est pas une maxime. C’est une « réflexion condensée » 😉

(C’est à dire : réflexe défense agressive, mise à distance de la douleur du réel, énergie négative, puissance et sentiment de supériorité…)

« Seuls les enfants sont capables d’inventer des mondes à partir d’un simple morceau de bois », t’écrivais-je alors. « Si le bois est pourri, eh bien ils trouvent un moyen de l’intégrer à l’histoire ».

🌾Nos maximes de vie

J’ai aussi reçu de nombreuses maximes de vie, ces petites phrases qui ont accompagné ta vie, que t’ont livrées tes parents (ou ce qu’ils ne t’ont pas dit). Je continue donc aujourd’hui. Tu peux m’écrire pour m’envoyer les tiennes !

Celle de Céline fait joliment écho à ce que je t’écrivais plus haut sur le travail infini de la nature:

« Je tiens une maxime de mon arrière-grand-mère, qu’elle répétait souvent lorsqu’elle détricotait une série de rangs parce qu’un défaut était apparu plus haut (alors qu’elle avait continué d’avancer dans son tricot pour finalement ne plus supporter ce petit défaut et de se sentir obligée de le corriger) :

« Faire et défaire, c’est toujours travailler ».

Cette maxime je l’ai faite mienne, et la répète souvent quand mes enfants ou mon mari se moquent de moi à chaque fois que je recommence mon ouvrage. »

Mégane me livre ces perles méconnues, tirées d’un de ses romans favoris :

« Voici quelques maximes qui m’animent au quotidien. Elles sont toutes sorties d’un roman de fantasy (je suis un dévoreuse de fantasy), Le pacte des Marchombres de Pierre Bottero (que je vous invite à lire).

« Le doute est une force. Une vrai belle force. Veille simplement qu’elle te pousse toujours en avant. « 

« La liberté n’induit pas l’égoïsme et il n’y a pas d’homme plus libre que celui qui agit parce qu’il pense ces actes justes. »

« Il y a une différence énorme entre celui qui cherche à se dépasser et celui qui veut être le meilleur. Le premier travaille sur lui, le second par rapport aux autres. »

Et enfin, cet extrait (toujours du même auteur), qui pour moi est une ode aux mots et à la créativité. Une manière intéressante de répondre à des questions parfois complexes. Ici, la mère du personnage principal se fait attaquer par une horde de monstres sanguinaires et explique à sa fille de 5ans qu’elle va devoir se cacher dans la trappe de son chariot. La petite, têtue, ne veut pas l’écouter sans que sa mère lui dise si elle va revenir :

-Tu reviendras quand ?
-Il y a deux réponses à ta question. Comme à toutes les questions, tu le sais bien. Je commence par laquelle?
A l’extérieur, un bruit terrifiant s’éleva. Le bruit des armes qui s’entrechoquent, fendent la chair, donnent la mort. La fillette tressaillit mais sa mère, en lui caressant la joue, réussit à l’enfermer dans l’univers de son regard.
-Laquelle?
-Celle du savant.
-Je ne reviendrai peut-être jamais, ma princesse.
-Elle est nulle cette réponse. Donne moi celle du poète.
Isaya se pencha pour lui murmurer à l’oreille.
-Je serai toujours avec toi. Où que tu te trouves, quoi que tu fasses, je serai là. Toujours.

Elle avait placé la main sur sa poitrine. La petite la regarda avec attention.
-Dans mon cœur?
-Oui.
-D’accord…. »

Un extrait poignant et, à la lecture de ces quelques citations, je frissonne et mes poils se hérissent sur mes bras, mon coeur remonte dans ma gorge… C’est simple, et pourtant beau. »

Béatrice nous livre ces mots, qui lui sont revenus un lendemain de fête :

« Petite pensée du matin après un samedi de fête familiale et quelques discussions clivantes.

« A chacun sa réalité. »

Cette maxime me permet d’avoir de l’empathie même face à des personnes dont le comportement m’exaspère de prime abord ( dans le travail, dans la vie de tous les jours, en famille). La réalité d’autrui est subjective, perçue via un filtre culturel, éducatif, des expériences, une sensibilité, parfois des blessures et ne correspond pas forcément à la mienne, subjective elle aussi. Du coup l’essentiel est dans le respect, l’écoute et l’échange pour se mettre d’accord sur des bases communes. Hélas, cela ne marche pas à tous les coups mais au moins cela permet de ne pas être en conflit permanent, d’éviter que le ton monte trop vite et de rester zen. »

🌻 Participe !

Voilà ! Tu peux me parler directement en répondant à cette lettre (ou en m’écrivant à benoit@flint.media). Je réponds à tout le monde !

Tu peux aussi rencontrer et échanger avec plus de 860 lecteurs et utilisateurs de Flint sur la plateforme Discord, en allant ici.

Je te souhaite un beau dimanche d’été !

Benoît