21-02
Flint Production
Les pièges du cerveau : l’appel à l’émotion
👉 Les émotions c’est bien, ça fait de nous des êtres humains. Mais tu savais qu’elles pouvaient elles aussi te piéger ? Je t’explique tout ça ⬇️
🧠Face Ă une information, un discours, un exposĂ©, il arrive que l’émetteur fasse intervenir des arguments ou mises en scène jouant sur les Ă©motions (tristesse, peur, colère, culpabilitĂ©, mais aussi empathie, fiertĂ©, espoir), pour te convaincre. Ces Ă©motions ne sont pas nĂ©cessairement trompeuses : elles participent au plaisir que tu as Ă Ă©couter un conteur, regarder un film, lire un long reportage ou autre. Le seul problème, c’est qu’elles sont parfois utilisĂ©es pour te dĂ©tourner d’une Ă©valuation factuelle de la situation. On parle alors d’appel Ă l’émotion. Ce procĂ©dĂ© rhĂ©torique remonte au moins Ă l’AntiquitĂ©. Aristote, SĂ©nèque et plus tard Pascal et Spinoza ont averti du pouvoir d’influence des Ă©motions sur nos croyances. Depuis, ce biais d’émotion a Ă©tĂ© prouvĂ© par plusieurs Ă©tudes, qui ont montrĂ© que tu adaptes tes croyances Ă tes Ă©motions, car tu considères ces dernières comme des preuves.Â
đź“• Dans son Manuel d’autodĂ©fense intellectuelle, Sophie Mazet prend l’exemple d’une vidĂ©o de l’association Institut pour la justice (dĂ©fenseur d’une approche sĂ©curitaire de la justice française). Pendant 11 minutes, on y voit un père, en larmes, raconter en dĂ©tail comment son enfant a Ă©tĂ© tuĂ© lors d’une agression, puis laisser entendre que le coupable ne sera pas condamnĂ© par la justice. Le clip est censĂ© dĂ©noncer le laxisme de la justice française, bien que l’agresseur ait Ă©tĂ© jugĂ© et condamnĂ© Ă 15 ans de rĂ©clusion (peine maximale pour un mineur, 20 minutes). Si la douleur de ce père de famille est comprĂ©hensible, il n’est pas plus compĂ©tent qu’un autre en matière de droit pĂ©nal. Mais en jouant sur l’empathie dont nous sommes, nous autres humains, plutĂ´t douĂ©s, son Ă©motion peut te porter Ă te ranger derrière ses arguments sans Ă©tudier les faits.Â
🤔 Que faire face à ce piège ? Rien qu’être conscient de ce biais (car nous y sommes tous confrontés) peut t’aider à t’en préserver. Désormais, tu sais que face à une situation ou information intense, il te faut veiller à ne pas te laisser submerger par l’émotion, quelle qu’elle soit, au risque de voir ton jugement altéré.
đź’ˇ Pour aller plus loin, cet article de JĂ©rĂ´me Rivat, professeur de philosophie, rappelle la nĂ©cessitĂ© de conserver une distance critique face Ă nos Ă©motions, mĂŞme si elles sont Ă l’origine de nos choix et actions. Une Ă©tude de Marion Ballet, chercheuse en sciences politiques, montre l’importance des Ă©motions lors d’une campagne prĂ©sidentielle. Et dans cet entretien, le psychologue David Sander explique comment les Ă©motions participent Ă la circulation de fausses informations.Â