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Comment bien s’informer sur le réchauffement climatique ?

Comment bien s’informer sur le réchauffement climatique ?

Il y a quelques semaines, le troisième rapport du GIEC est sorti. Au-delà de ses conclusions guère optimistes, comment peut-on réussir à s’informer sur les enjeux du réchauffement climatique ? En comprendre la complexité et parvenir à dégager des solutions concrètes, tout en gardant l’esprit au clair ? Voici quelques pistes et outils à emporter pour s’informer de manière efficace sur ce sujet complexe. 

📚 Les bases 

Sur un sujet comme le climat, il est nécessaire d’avoir des bases de compréhension. En voici quelques-unes que j’ai trouvées, qui font le tour de la question. 

→ Le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) constitue la base de référence sur le climat, ses changements et ses conséquences. Il est divisé en 3 groupes (les aspects scientifiques du réchauffement climatique – les risques et l’adaptation au changement climatique – les solutions à apporter), rédigeant chacun un rapport depuis 1988. Le Réveilleur, Youtubeur vulgarisateur spécialisé dans l’environnement et l’énergie, explique le fonctionnement du GIEC et ses missions en vidéo
→ Il existe plusieurs synthèses des différents rapports du GIEC, facilement accessibles et lisibles : 

*pour le rapport n°1 d’août 2021 : Bon Pote (média écologique de vulgarisation), le blog de Sylvestre Huet (journaliste du Monde, spécialisé en sciences), Carbone4 (cabinet de conseil sur les enjeux énergie et climat)
*pour le rapport n°2 de février 2022 : The Shift Project, Greenpeace, le CNRS
*pour le rapport n°3 d’avril 2022 : NOWU (média européen de pédagogie sur le climat), Greenly, Youmatter

→ Comme base de connaissance, on peut aussi évoquer le média anglais Carbon Brief, qui simplifie aussi bien les éléments de compréhension du changement climatique, mais aussi les solutions possibles. La Fresque du climat est une association qui propose des ateliers pédagogiques pour comprendre l’essentiel des enjeux climatiques et discuter librement des actions et solutions. Le site des Nations Unies est également riche en informations sur le sujet.
→ Les livres de vulgarisation sont aussi de bonnes références lorsqu’on se penche sur un sujet aussi complexe. Bon Pote et Ecosia proposent chacun leur sélection de livres pour comprendre le climat sous tous les angles. Il y a aussi son livre, Tout comprendre (ou presque) sur le climat, écrit en collaboration avec le CNRS.
→ MicroM, membre de la communauté Flint, propose aussi de suivre des MOOC (massive online open course) sur le climat, qui permettent selon lui de progresser en termes de connaissances. 

Avec ça, tu as déjà une bonne base pour comprendre comment on en est arrivé là, les enjeux et les actions à entreprendre face au réchauffement climatique. Mais allons plus loin. 

🔎 Obtenir, comprendre et manipuler les données

Le plus dur sur le sujet, c’est sans doute d’y voir clair dans la multitude de données publiées et disponibles. Il existe plusieurs initiatives et outils qui permettent d’y avoir accès et de les comprendre. 

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a développé un simulateur en ligne très simple d’utilisation, afin de visualiser les différents scénarios possibles selon plusieurs variables : les réserves d’énergie, le transport, les bâtiments et l’industrie, la croissance, les émissions terrestres et industrielles, l’élimination du carbon 
Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK, dévoile trois outils qui permettent de visualiser sur une carte l’impact du réchauffement climatique : Climat HD de Météo France, les outils du DRIAS et l’atlas interactif du GIEC. Le scientifique en résume les principales fonctionnalités ici.
Médiapart a publié un panoramique sur les conséquences du réchauffement climatique, avec une histoire par département français. Un bon moyen d’illustrer concrètement des données.

🤓 Le climat et les biais 

À Flint, tu le sais, on aime bien l’étude des biais. Et face aux enjeux climatiques, ton cerveau n’y échappe pas. 

→ Penser que consommer des produits issus de l’agriculture biologique est “bon” pour l’environnement constitue un biais de réflexion : c’est l’illusion de l’empreinte écologique négative. Tous les labels écologiques et bio nous font croire que ces produits sont bons, alors qu’ils sont “moins mauvais” pour l’environnement. Par ce biais, ton raisonnement repose sur un équilibre entre les comportements respectueux de l’environnement et ceux nocifs. Mais en réalité, la consommation dans sa globalité est nocive, reste seulement à en diminuer au maximum l’impact. 
→ Pourquoi agissons-nous si peu collectivement face au réchauffement climatique, malgré la multiplication des signaux négatifs ? Il y a plusieurs explications, cognitives : le délai entre les causes et les conséquences piègent notre cerveau, qui a beaucoup de mal à évaluer les menaces trop lointaines. Le biais de confirmation nous fait ignorer les informations contraires de nos opinions, ralentissant notre prise de conscience. Enfin, l’effet spectateur : plus on est nombreux à pouvoir agir face à un problème, plus on se sent autorisé à ne rien faire. Face aux enjeux environnementaux, le monde entier peut agir. Nous estimons alors qu’individuellement, nous pouvons ne pas prendre d’initiatives et attendre de voir ce que les autres vont faire (France Inter).
→ En 2018, le professeur de psychologie à Harvard Steven Pinker alertait sur le surplus de pessimisme autour des enjeux climatiques. Selon lui, cela conduirait à nous faire croire que tout effort est vain. Il regrettait la sous-médiatisation des initiatives positives pour l’environnement (Le Monde). Ceci dit, depuis 2018, la situation s’est sans doute dégradée, en atteste les rapports du GIEC… 

❌ L’écologie, un terrain pour la désinformation 

La désinformation non plus n’épargne pas l’actualité environnementale. Les fausses informations tendent principalement à minimiser le réchauffement climatique, et à en rejeter l’origine anthropique.

Ici, Météo France a recensé les idées reçues et fausses informations les plus répandues sur le climat. Intéressant de les connaître, pour savoir comment réagir lorsqu’on y fait face. 
Natura Sciences résume cinq fausses informations sur le climat, avec des chercheurs du CNRS.
→ En 2015, à l’occasion de la COP21, le journal Le Monde a constitué une série d’articles Hoax Climatique, consacrés à la vérification de fausses informations sur le réchauffement climatique.
→ Depuis 2018, l’outil scientifique Climate Feedback regroupe tous les articles de vérifications portant sur les thématiques environnementales. Ils sont relus et commentés par des scientifiques avant publication. Les cellules de fact-checking traditionnelles traitent également de fausses informations sur l’environnement et l’énergie. 
→ Dans un rapport de 2020, Reporters d’espoir préconise plus de pédagogie dans les médias face aux sujets environnementaux, de développer une approche critique de ces questions et de relayer les initiatives en faveur d’une transition écologique. 

👀 Quelles sources à suivre ? 

→ Pour The Conversation, Albin Wagener, chercheur associé à l’INALCO et au laboratoire PREFICS de l’université de Rennes, a cherché à savoir qui parle du climat en ligne en France. Il liste plusieurs personnalités publiques à suivre, en fonction de leur vision de l’écologie (libérale, réformiste, radicale, ou anti-écologique), et observe que les scientifiques sont particulièrement inaudibles.
→ Des médias : Vert (intéresse particulièrement les scientifiques du climat et de la biodiversité, les ONG, et les profils écologiques, favorables à la décroissance et la réduction carbone), Natura Sciences, Climax (une newsletter fortement engagée, notamment contre le greenwashing, recommandée par Tim Vinchon, membre de la communauté Flint), NOWU, Youmatter, Nouvelle Empreinte (pour du contenu engagé et positif)
→ Des scientifiques : Serge Zaka,Valérie Masson-Delmotte, Greg de Temmerman, Christophe Cassou, Céline Guivarch
→ Des think tank, associations et ONG : Les amis de la Terre, Alternatiba, L’affaire du siècle, Climat Medias, Time for the planet (qui finance des initiatives vertes, suggérée par William, membre de la communauté Flint)
→ Des vulgarisateurs : Kako Line, Rodolphe Meyer, Laydgeur 

💡 À écouter et à voir 

→ Le podcast de France Culture “De cause à effet” sur les enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain. 
→ Le podcast scientifique du Muséum nationale d’histoire naturelle “Pour que nature vive”. Chercheurs et chercheuses se succèdent pour partager leurs connaissances, comprendre la nature pour mieux la protéger.
→ “La Terre au carré” de France Inter, qui ancre les problématiques écologiques dans notre quotidien, en les illustrant par des cas pratiques.
→ Zina, membre de la communauté Flint, conseille le podcast du Greenletter Club : il propose des échanges d’une heure avec des spécialistes du climat (scientifiques, responsables d’ONG, experts de l’énergie, etc)
→ Le documentaire d’Arte Climat : mon cerveau fait l’autruche, qui interroge notre incapacité à changer drastiquement de mode de vie, malgré les alertes successives sur la catastrophe climatique que nous vivons. 
→ En parallèle de ce documentaire, cette conférence de France Culture avec le neuroscientifique et psychologue Albert Moukheiber, sur les biais de notre cerveau face au réchauffement climatique.

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