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Les pièges du cerveau : la paralysie analytique

Les pièges du cerveau : la paralysie analytique

T’es-tu déjà retrouvé.e face à plusieurs choix et être incapable de trancher, submergé par trop d’informations ? C’est une des problématiques de l’infobésité. Tu le sais maintenant, un surplus d’informations n’a généralement rien de bon, Benoît te l’a souvent rappelé. Ce que tu ne sais pas encore, c’est que ton cerveau peut croire que cela t’est bénéfique dans certaines situations, notamment dans une prise de décision ou une analyse. Mais en réalité, cela n’aide pas forcément ton cerveau, au contraire. Quand trop d’analyse tue l’analyse, il s’agit de la paralysie analytique

Ce biais explique pourquoi mĂŞme informĂ©.e, tu ne parviens pas, dans certains cas, Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  agir. Tu continues sans cesse Ă  lire des articles, des livres ou Ă  regarder des vidĂ©os sur un sujet, en pensant que cela t’aide forcĂ©ment dans ta rĂ©flexion. Des Ă©tudes ont prouvĂ© qu’avoir plus d’informations nous rassure et renforce notre sentiment de certitude. Mais n’est pas toujours pour le mieux. En apportant en permanence des informations supplĂ©mentaires Ă  ton cerveau, au bout d’un moment, il n’est finalement plus en capacitĂ© de produire une analyse pertinente. Il est “paralysé”, et retarde, voire empĂŞche, toute prise de dĂ©cision ou toute analyse pertinente.. VoilĂ  pourquoi l’infobĂ©sitĂ© reprĂ©sente un risque rĂ©el Ă  plusieurs niveaux (Convertize, Alleydog). 

Plusieurs scientifiques se sont penchĂ©s sur cette paralysie analytique et ses effets sur notre comportement. Sur-analyser une situation ou une information peut entraĂ®ner une augmentation du stress. Selon Sian.L Beilock et Thomas H. Carr, notre cerveau “s’Ă©touffe” sous la pression, ce qui l’empĂŞche d’exploiter pleinement ses capacitĂ©s. Notre bonheur peut Ă©galement ĂŞtre affectĂ© par une paralysie d’analyse, selon les travaux du psychologue Barry Schwartz. Il distingue les satisficers, qui se contentent de la dĂ©cision qui leurs paraĂ®t satisfaisante, et les maximizers, qui eux, recherchent l’option parfaite, parmi toutes celles possibles. L’étude prouve que les seconds sont moins heureux que les premiers, malgrĂ© de meilleures dĂ©cisions (Everlaab). 

Prenons un exemple dans l’air du temps. Les enjeux climatiques nous obligent Ă  adapter nos comportements, dont nos habitudes alimentaires, comme rĂ©duire notre consommation de viande. Depuis un an, tu lis des Ă©tudes et des livres qui concluent que consommer de la viande en grande quantitĂ© est mauvais pour l’environnement, mais aussi pour ta santĂ©. Pourtant, depuis un an, tu n’as pas rĂ©duit ta consommation de produits carnĂ©s. En cherchant sans cesse de nouvelles informations, tu n’arrives plus Ă  analyser la situation, Ă  peser le pour et le contre, et Ă  rĂ©flĂ©chir comment faire. Tu retardes ta prise de dĂ©cision, et ne passes pas Ă  l’action. Alors que dès tes premières recherches il y a un an, tu disposais dĂ©jĂ  des informations nĂ©cessaires. 

Ancien politicien américain, Colin Powell a développé un stratagème pour sortir de cette paralysie d’analyse : P=40-70. On ne doit pas prendre de décision lorsque les informations dont nous disposons n’assure pas au moins 40% de réussite. Et cette prise de décision doit intervenir avant le palier de 70%, pour ne pas se retrouver avec “trop” d’informations. En résumé, en avoir suffisamment, mais ne pas attendre de tout avoir (ce qui peut vite devenir infini…).
Tu peux aussi fixer une date butoir pour prendre ta décision, ou t’engager publiquement, ce qui t’obligera à passer à l’action. Classer les informations peut t’aider à structurer cette décision : quelles sont les informations que tu dois avoir maintenant ? Et celles que tu aimerais savoir, mais à l’avenir ? (Entre elles, Forbes)

→ Pour aller plus loin, Wikipédia propose un historique de ce biais, et ses applications selon les domaines.
→ Il y a aussi cette vidéo de Rolf Dobelli, auteur de The Art of Thinking Clearly (résumée sous forme d’article ici). 
→ Dans son livre My American Journey, Colin Powell aborde les difficultés de choix auxquelles il a fait face au cours de sa vie, et évoque la paralysie d’analyse.