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Les bonnes sources d’information pour comprendre la situation en Chine

Les bonnes sources d’information pour comprendre la situation en Chine

Au moment où la Chine organise son vingtième congrès du parti communiste, comprendre ce qu’il s’y passe et mesurer les enjeux pour l’avenir n’est pas chose simple. Notre regard est biaisé, et rendu flou par le peu d’informations qui circulent en dehors de la Chine. Cependant certains médias et plateformes proposent des analyses de qualité sur le sujet. Comment les trouver ?

L’algorithme de Flint permet d’aller chercher des informations de qualité en analysant le comportement de plusieurs milliers d’experts sur les contenus d’information. Nous avons donc analysé les contenus les plus recommandés par Flint, notamment par nos panels d’experts identifiés sur la Chine, l’Asie en général, ainsi qu’en géopolitique. Voici une liste de liens pouvant vous aider à gagner du temps sur votre recherche d’informations sur le sujet, sans vous enfermer dans les biais partisans.

Les sites indépendants sur la Chine remontés par Flint :

EAST IS RED : Un nouveau site d’investigation (payant), créé par un journaliste et un chercheur, soutenu par le CNRS, dont l’objectif est de proposer un maximum d’informations et d’analyses en français sur la Chine. Le site, propose, en accès libre, une cartographie du parti communiste chinois.

🇬🇧 CHOICE : China Observers in Central and Eastern Europe . Un site anglophone qui analyse l’influence de la Chine en Europe. Il est financé par l’Association for International Affairs (AMO), un groupe de réflexion et une ONG de politique étrangère basés à Prague.

A lire, cette analyse passionnante sur la stratégie chinoise en direction des cryptomonnaies :

La Chine a commencé à explorer une potentielle monnaie numérique qui lui est propre en 2014. En 2016, la Banque populaire de Chine (PBOC) a annoncé qu’elle avait conçu avec succès un prototype de test du yuan numérique, qui a été utilisé dans le cadre d’un projet pilote d’abord (…) puis, début 2021, étendu à d’autres provinces. (…) En juin 2021, plus de 20 millions de portefeuilles numériques personnels et plus de 3,5 millions de portefeuilles professionnels avaient été installés.

La perte de l’anonymat lors des paiements – tant professionnels que personnels – est l’une des principales préoccupations concernant la mise en œuvre du yuan numérique, dont l’objectif est de remplacer un jour complètement la monnaie physique.

La Chine cherche également à atténuer les effets d’un découplage potentiel, si les États-Unis décidaient d’exclure la Chine du système monétaire international.

GRAND CONTINENT : Révélé lors de la crise en Ukraine, lancé par des anciens étudiants en géopolitique, le site Grand Continent propose son analyse du dernier congrès du parti :

Le Secrétaire général du Parti communiste chinois voudra aussi renforcer sa suprématie sur le jeu politique via la doctrine et les titres politiques. En ce qui concerne la doctrine, il s’agit à la fois d’un moyen d’imprimer sa marque dans la direction idéologique du Parti et d’un élément de prestige. Jusqu’ici, seul Mao Zedong s’est vu confier “une pensée propre”, le plus haut rang de contribution doctrinal possible : la pensée de Mao.

LE RUBICON : une plateforme francophone d’analyse des relations internationales, fondé notamment par l’INSERM avec d’autres institutions comme le Réseau d’analyse stratégique (RAS), au Canada. Le Rubicon est partenaire du site War on the Rocks (warontherocks.com), souvent remonté par les robots Flint également sur les questions internationales. A lire cette analyse sur les nouveaux enjeux militaires dans la région Indo-Pacifique et la nouvelle stratégie américaine.

🇬🇧 SOUTH CHINA MORNING POST : le grand quotidien indépendant de Hong Kong, l’une des principales sources sur l’actualité de la Chine et de la région en langue anglaise. Vous pouvez lire ici sa synthèse du discours de Xi Jinping (le secrétaire général) lors du congrès du parti.

🇬🇧 CHINA MEDIA PROJECT : Plateforme d’analyse sur les médias en Chine, le China Media Project « a vu le jour en 2004 sous la forme d’un programme de recherche et de bourses au centre d’études sur le journalisme et les médias de l’université de Hong Kong (« HKU Journalism »), en réponse au besoin de recherche spécialisée et d’engagement autour des développements du paysage médiatique chinois ». Le site a été lancé par un journaliste auteur de plusieurs ouvrages sur le journalisme et un journaliste primé de l’Université de Hong Kong.

A lire, cette analyse sur le risque de « dépression politique » qui, après avoir touché l’Occident, menace aujourd’hui la Chine.

Un post ce printemps sur WeChat reflète (ce sentiment):

« Je n’aurais jamais pensé qu’après deux ans, à Shanghai, nous ne pourrions toujours qu’ouvrir la fenêtre et sentir la brise du printemps 2022. Chaque jour, nous sommes exposés dans les médias à toutes sortes de nouvelles déprimantes, et même à ces angoisses de sous-classe que nous n’avons jamais ressenties auparavant, et cela ne cesse de s’étendre. À cette anxiété se mêlent toutes sortes de maux et d’injustices structurels, et des catastrophes individuelles se produisent en permanence. Nous commençons à sentir que nous avons perdu le contrôle de notre destin, et la dépression politique s’insinue dans le peuple. »

Comprendre la Chine aujourd’hui :

Une série d’entretiens avec des chercheurs spécialistes de la Chine pour comprendre l’évolution et la situation du régime, en quatre épisodes : la stratégie de Xi Jinping au sein du parti, classes moyennes, répression des Ouïgours, Hong-Kong… A écouter sur France Culture :

Manifestations de propriétaires confrontés à la crise immobilière ou jeunes diplômés désabusés par un marché de l’emploi ultra-concurrentiel, tous pointent du doigt les limites d’un modèle chinois confronté à une nouvelle réalité : pour la première fois depuis trente ans, la jeune génération chinoise est confrontée au spectre du déclassement.

🇬🇧 Comment la Chine veut changer l’ordre du monde dominé par l’Occident : une analyse de The Economist (accès gratuit en archives ici). En voici une synthèse :

Habilement, M. Xi présente son pays comme un défenseur du statu quo. Il s’engage à soutenir un « véritable multilatéralisme » guidé par la Charte des Nations unies. En 2017, il a assuré aux magnats de Davos qu’il était un champion du libre-échange. Mais les observateurs ne doivent pas se laisser bercer. Les dirigeants chinois veulent préserver les éléments de l’ordre actuel qui ont contribué à l’essor de leur pays, comme les règles du commerce mondial qui ont favorisé leurs champions de l’exportation et encouragé l’afflux de capitaux et de technologies étrangères. Les principes qui ne conviennent pas à la Chine sont mis à mal. Les appels de M. Xi en faveur d’une « initiative de sécurité mondiale » ou d’une « communauté d’avenir partagé pour l’humanité » sont des plaintes codées. Certains sont une attaque contre les alliances, surtout les pactes de défense américains en Europe et en Asie. Un « avenir partagé » est une autre façon de dire « le développement d’abord », c’est-à-dire de rejeter tout ordre guidé par des valeurs communes et universelles.

Sous la direction de Vladimir Poutine, la Russie est souvent soutenue lors des votes à l’ONU par une poignée de clients voyous, comme le Belarus ou le Venezuela. À l’inverse, la Chine déteste être isolée et déploie des diplomates pour faire pression et tordre les bras afin d’obtenir un soutien. Des dizaines de pays se joignent désormais aux résolutions faisant l’éloge de la domination chinoise au Xinjiang, une région occidentale où, au nom de la lutte contre l’extrémisme islamique, la Chine a démoli des mosquées, emprisonné des poètes et des éditeurs de manuels scolaires et envoyé un million de Ouïghours dans des camps de rééducation. Les succès diplomatiques peuvent faire passer la Chine pour un pays moins destructeur que la Russie, mais elle divise davantage.

De nombreux pays en développement (…) ont une nostalgie limitée pour une époque où l’Occident dominait l’élaboration des règles. La Chine est prête à leur offrir des alternatives. Il y a sept décennies, lors des réunions fondatrices de l’ONU, les délégués du bloc soviétique souhaitaient un ordre qui s’en remettait aux États et promouvait les droits collectifs plutôt qu’individuels, s’opposant à tout, de la liberté d’expression au concept de demande d’asile politique. À la fin des années 1940, les pays communistes ont été mis en minorité. La Chine cherche aujourd’hui à rouvrir ces vieux débats sur la manière d’équilibrer la souveraineté et les libertés individuelles. Cette fois, l’ordre libéral est sur la défensive.

🇬🇧 Qui sont les nouveaux ennemis de Xi Jinping ? Une analyse du site de référence en géopolitque, Foreign Policy (US) :

Plutôt que de continuer à jouer avec le pouvoir politique du PCC, Xi n’avait pas d’autre choix que de lutter contre la corruption, de briser l’alliance des élites et de transformer l’héritage, la culture et la structure corrompus du parti, même si cela devait l’opposer à l’ensemble de l’élite. Pour préserver son propre pouvoir politique, Xi s’est engagé sur une voie sans retour.

🇬🇧 Que pensent les Chinois de Xi Jinping ? Difficile à dire, tant les infos ont du mal à circuler. Le Wall Street Journal fait le point (accès gratuit en archives ici):

Pendant la majeure partie du mandat de M. Xi, marqué par des campagnes ciblant la corruption ou la pauvreté et par une rhétorique affirmée visant à rehausser le profil de la Chine sur la scène mondiale, il a semblé jouir d’une grande popularité auprès des Chinois ordinaires. Cela est confirmé par les quelques sondages réalisés par des chercheurs indépendants, qui portent généralement sur un échantillon relativement restreint.

🇬🇧 L’analyse de l’un des chefs des renseignements britanniques sur la menace chinoise :

A lire, dans cet article de Reuters :

Dans un discours, Jeremy Fleming, directeur de l’agence d’espionnage GCHQ, déclare que les dirigeants chinois cherchent à utiliser des technologies telles que les monnaies numériques et leur réseau de navigation par satellite Beidou pour resserrer leur emprise sur leurs citoyens à l’intérieur du pays, tout en étendant leur influence à l’étranger.

🇬🇧 Par contre, il semble (un peu) moins inquiet par l’usage de TikTok par ses enfants, rapporte le quotidien britannique The Guardian :

Mardi matin, on a demandé au chef des services d’espionnage s’il s’inquiéterait si ses enfants utilisaient TikTok après avoir averti que la Chine cherchait à « imposer ses valeurs » dans d’autres domaines stratégiques de la science et de la technologie.

« Non, je ne m’inquiéterais pas », a répondu M. Fleming, tout en ajoutant qu’il « parlerait à (son) enfant de la façon dont il pense à ses données personnelles sur son appareil », car les gens doivent comprendre qu’il n’y a pas de bien gratuit ici ».

« Tirez-en le meilleur parti, faites ces vidéos, utilisez TikTok, mais réfléchissez avant de le faire. »

A lire également, le dossier de l’Institut Montaigne (think tank libéral français) sur la Chine.

Les nouvelles routes de la soie : l’influence par l’endettement

Nouvelles routes de la soie, la stratégie d’influence de la Chine en Asie du Sud-Est (et ses effets pervers), article du Monde :

La « générosité » de la Chine – jusqu’à 85 milliards de dollars de prêts par an – a coûté cher à ses bénéficiaires. Les deux tiers des Etats concernés, fragilisés par la pandémie et les effets inflationnistes de la guerre en Ukraine, sont surendettés. 

Les risques d’embrasement à Taïwan :

🇬🇧 La Chine ne renoncera pas à l’usage de la force sur le dossier de Taïwan, rapporte l’agence Reuters, une source régulièrement citée par les experts du secteur analysés par les robots Flint:

C’est au peuple chinois de résoudre la question de Taïwan et la Chine ne renoncera jamais au droit de recourir à la force mais s’efforcera de trouver une solution pacifique, a déclaré dimanche le président Xi Jinping à l’ouverture d’une importante réunion du parti.

Le risque d’embrasement n’est pas qu’à Taïwan, il est aussi en mer de Chine méridionale, prévient « Le Rubicon » ailleurs :

La guerre technologique :

🇬🇧 Les progrès fulgurants de la Chine depuis 10 ans. Une analyse de The Economist (accès gratuit en archives ici)

L’inquiétude est facile à comprendre. En 2008, la Chine a dépensé un tiers de ce que l’Amérique a dépensé en recherche et développement (r&d) et environ la moitié de ce que l’Europe a dépensé, après ajustement des différences du coût de la vie. En 2014, elle a dépassé l’Europe. En 2020, ses dépenses représenteront 85 % de celles de l’Amérique.
Les fruits de cet investissement commencent à se faire sentir : en août, un institut de recherche japonais a calculé que la Chine produit désormais plus de recherches universitaires parmi les plus citées au monde que l’Amérique.

🇬🇧 La stratégie américaine pour freiner le développement de la Chine en matière d’intelligence artificielle. Analyse du CSIS, (pro-américain) :

La nouvelle politique comporte quatre éléments imbriqués qui ciblent différents segments de la chaîne de valeur des semi-conducteurs, et tous les éléments doivent être compris simultanément pour saisir l’ampleur de ce que l’administration Biden prévoit de réaliser. En bref, l’administration Biden essaie (1) d’étrangler l’industrie chinoise de l’intelligence artificielle en bloquant l’accès aux puces d’intelligence artificielle haut de gamme ; (2) d’empêcher la Chine de concevoir des puces d’intelligence artificielle sur son territoire en bloquant l’accès de la Chine aux logiciels de conception de puces fabriqués aux États-Unis ; (3) d’empêcher la Chine de fabriquer des puces avancées en bloquant l’accès aux équipements de fabrication de semi-conducteurs fabriqués aux États-Unis ; et (4) d’empêcher la Chine de produire des équipements de fabrication de semi-conducteurs sur son territoire en bloquant l’accès aux composants fabriqués aux États-Unis.

L’Inde, qui a pris ses distances avec la Chine, se voit comme une alternative sur le marché stratégique des semi-conducteurs (qui équipent la plupart des appareils électroniques et sont produits essentiellement à Taïwan, menacée d’invasion). A lire dans cet article de Money Control, un média économique indien.

Le projet de contrôle de la population par le numérique

🇬🇧 Une analyse du site China Media Project sur les ambitions du régime pour éliminer les menaces politiques via le numérique :

Pour les dirigeants chinois d’aujourd’hui, le contrôle intelligent de l’opinion publique consiste à percevoir et à éliminer les risques politiques pour le régime en voyant à travers des montagnes de données dans un paysage informationnel en évolution rapide. Les dirigeants du parti, comme Xi Jinping, considèrent qu’il s’agit d’un projet grandiose et historique alimenté par les nouvelles technologies.

Pour les organes de police, les « personnes clés » comprennent les terroristes présumés, les personnes « défavorables » à la stabilité, ce qui pourrait signifier un large éventail de critiques et de dissidents, et les « pétitionnaires clés », faisant référence à ceux (tels que les victimes de démolition forcée ou d’autres injustices) qui ont demandé une médiation. Par le passé, les régulateurs chinois de l’Internet ont également identifié les activistes des droits en ligne (网络维权人士), les ONG étrangères et les groupes comme Falun Gong comme des cibles « clés » pour la surveillance de l’information. Les messages des « net-citoyens clés » suivis doivent être modérés en temps réel par le système.

Bonus : casser les idées reçues sur le système de crédit social chinois !

On en a beaucoup parlé, notamment suite à la diffusion d’un épisode imaginaire de la série dystopique Black Mirror, et d’un documentaire de la Chaine Parlementaire « Ma femme a du crédit » qui évoque une vision orwellienne du système chinois. Les Chinois seraient notés par le gouvernement et privés de certains droit en fonction d’un système de notation de leur comportement social. Mais quelle est la réalité derrière le mythe ?

A lire, cet article de Pierre Sel, chercheur et fondateur du site EastIsRed (cité plus haut), dans le quotidien économique Les Echos.

Loin de former un système monolithique notant les individus en fonction de leur comportement quotidien, le SCS punit principalement les enregistrements frauduleux d’entreprises, les chauffeurs Uber dont la licence est expirée, les ventes de médicaments non autorisés, etc. Pour les individus, les sanctions les plus sévères sont réservées aux personnes qui refusent de rembourser leurs dettes tout en ayant la capacité de le faire. Cela reste encore à nuancer : l’inscrip-tion sur cette liste ne s’effectue qu’après trois rappels à la loi.

A lire également, cette analyse du Merics, une institution européenne (dont le bureau est composé de diplomates, économistes et scientifiques), qui tente de trier le mythe de la réalité sur ce système.

A lire aussi, la compilation faite sur Wikipedia sur le sujet.

Et ce podcast du site scientifique The Conversation qui analyse les pour et les contre, avec Julien Pillot, enseignant-chercheur en économie à l’Inseec Grande École (groupe OMNES Education), qui détaille ce que dit la recherche de cette question. Cet « enfer pavé de bonnes intentions », comme le décrit l’animateur, est-il déjà à nos portes en Occident ? Oui, répond le chercheur, qui évoque les risques liés aux biais algorithmiques des réseaux sociaux.

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