09-11
Flint Production
Les 5 infos à emporter… pour penser la place des femmes dans la science et la connaissance
Dans sa mission pour t’aider à découvrir de nouvelles sources d’informations et de nouvelles voix, Flint a décidé de te proposer une sélection de documents, livres, documentaires, podcasts testés et approuvés par l’équipe pour l’éclairage précis qu’ils apportent sur des thématiques qui traversent l’actualité. Comme d’habitude, si tu veux nous en proposer d’autres ou nous pousser à travailler sur un sujet, rejoins-nous sur Discord ou commente notre brouillon.
Légende : 📚 Livres, 📻 émission de radio, podcast 📰 articles de presse 🔬 production scientifique, un sigle € quand c’est payant et les drapeaux pour la langue, quand elle n’est pas française.
1️⃣ Trop occupées à éduquer les enfants et faire la vaisselle, les femmes n’ont pas pu marquer l’Histoire, donc rien ne sert de les chercher dans le passé ? Voilà ce que laisse penser le mythe de la femme empêchée. Dans Les grandes oubliées📚€, l’essayiste Titiou Lecoq en prend le contre-pied et vulgarise ce que les spécialistes savent des femmes préhistoriques, des reines du Moyen-âge, des travailleuses du XIXe siècles… Bref, toute cette Histoire qui concerne la moitié, donc la totalité de l’humanité, mais qui est de moins en moins enseignée aux écoliers. En attendant de lire ce brillant essai, tu peux écouter son autrice sur France Inter 📻.
2️⃣ Dans les technologies, on se plaint beaucoup des difficultés à attirer un plus grand nombre de femmes, une diversité de profils. Mais le problème, démontre la journaliste et musicienne Claire L. Evans dans son essai Broadband 📚€, c’est qu’on les a exclues. Effacées des livres, de l’Histoire, du milieu du numérique quand celui-ci est devenu synonyme de pouvoir. Pour avoir un aperçu de son travail, lisez ses interviews dans Le Monde 📰, dans Le Figaro 📰. Et pour découvrir des femmes qui écrivent l’Histoire numérique actuellement en France, ouvrez Les décodeuses 📚, une BD de vulgarisation publiée par les éditions du CNRS.
3️⃣ Autre phénomène qui pousse à l’invisibilisation des la moitié de l’humanité : l’effet Matilda, expliqué par France Culture 📰. Dans les sciences, cet effet a lieu lorsque des hommes s’arrogent le travail et les découvertes de femmes, les effaçant du même coup de la mémoire collective. Des logiques similaires existent dans de nombreux lieux de pouvoir, y compris dans l’art, ce qu’explique l’historienne Mary D. Sheriff dans Perspective 🔬.
4️⃣ Interroger la place des femmes dans les sciences et l’Histoire, c’est étudier où et comment la production de données et de savoir peut devenir bancale. En médecine, où les femmes sont régulièrement moins incluses dans les essais cliniques, cela conduit quelquefois à les mettre en danger avec des médicaments mis sur le marché (Femina 📰). Ou à retarder la prise en charge de maux spécifiques. Des femmes médecins ont heureusement permis de faire évoluer le regard sur les règles, phénomène vécu par la moitié de l’humanité (Slate 📰). Et des chercheurs viennent tout juste d’identifier un gène potentiellement responsable de l’endométriose, maladie inflammatoire qui touche 10 à 15% des femmes (Le Parisien 📰).
5️⃣ Dans le monde numérique, manquer de données sur un pan du monde est un problème en soi. Or, expliquent la journaliste Caroline Criado-Perez dans Femmes Invisibles 📚€ et les chercheuses Lauren Klein et Catherine D’Ignazio dans Data Feminism 📚, les données que nous pensons produire au neutre sont en réalité souvent au masculin. C’est ce qui explique les problèmes médicamenteux évoqués ci-dessus, mais aussi des soucis de gestion des villes, d’outils dans les bureaux, etc (Libération 📰, Freakonometrics 📻 🇺🇸). “Les données, écrivent Klein et D’Ignazio, sont toujours le résultat biaisé de conditions et d’inégalités sociales, historiques et économiques”. Or, rappelle Internet Actu 📰, “l’un des principaux aspects du travail du data scientist consiste à nettoyer les données pour mieux les structurer (…). Le problème, c’est que ces processus contribuent à faire disparaître des perspectives et à en imposer d’autres.” Y remédier “nécessite de compiler ses propres « contre-données », de cartographier l’oppression et cela ne peut se faire que depuis d’autres points de vue et donc par d’autres personnes.”