Ce matin, on laisse de nouveau la parole à Rewpparo, internaute sceptique spécialisé dans les questions d’épistémologie et d’esprit critique. Cette fois, il propose de réfléchir au sens que l’on donne au terme « croire », entre croyance et connaissance.

👉 Les émotions c’est bien, ça fait de nous des êtres humains. Mais tu savais qu’elles pouvaient elles aussi te piéger ? C’est l’appel à l’émotion, qui fait intervenir des arguments ou des mises en scènes qui jouent sur tes émotions pour te convaincre. Je t’explique tout ça !

🧰 Pour commencer la semaine, pas de biais, mais plutôt une astuce pour s’en sortir face au surplus d’infos. Lorsque plusieurs hypothèses s’offrent à toi, comme par exemple autour de l’origine du Covid-19, ton cerveau peut rapidement se perdre. Pour l’aider à ne pas se fatiguer, privilégie les hypothèses les plus simples, celles qui lui demandent le moins d’effort : utilise le rasoir d’Ockham !

💡 Attention toutefois à ne pas délaisser les autres hypothèses : tu peux t’y intéresser dans un second temps. Mais au début de ta réflexion, économise ton cerveau !

🗯️ “La France est de plus en plus violente”, “La société est en plein ensauvagement”, “Les Français se sentent de moins en moins en sécurité”… À quelques mois de l’élection présidentielle, tu vois et tu entends sans doute ça partout : dans les meetings politiques, sur les plateaux télé, sur les réseaux sociaux. Au point que tu peux finir par y croire. Et pourtant, les chiffres officiels témoignent d’une situation assez similaire à celle d’il y a dix ans (20minutes, Le Monde, Slate). Croire à cette montée de la violence dans la société malgré les chiffres, c’est ce qu’on appelle l’effet de vérité illusoire. Je t’explique rapidement en quoi il consiste, et comment on peut le détourner.

📊 Si les infographies et autres graphiques très visuels sont très pratiques pour comprendre rapidement un sujet complexe, ça peut aussi jouer des tours à ton cerveau et déformer l’information que tu reçois. Tu vas voir, il y a plein d’exemples surprenants qui ne sont pas si évidents que ça.

Trop d’info tue l’info, tu connais l’adage ? Mais en fait, est-ce que ça ne serait pas plutôt : trop d’info tue ton cerveau ? Pire : trop d’info te fait faire d’énooooormes erreurs de jugement ! Comment est-ce possible et comment lutter contre ? Voici quatre idées, celles proposées par le magazine La Croix, et les miennes, tu me diras si tu en connais d’autres !

T’es-tu déjà demandé·e pourquoi tu écoutes telle radio et pas telle autre ? Pourquoi tu lis tel journal et pas le suivant ? Je te pose ces questions, car rien que ce choix peut relever d’un biais de réflexion ! 

👉 Récemment, j’ai discuté avec Rudy Reichstadt, le fondateur de Conspiracy Watch, dans le cadre de mon mémoire d’école de journalisme. Voici ce qu’il me racontait : “Aujourd’hui, on s’informe pour pouvoir échanger avec les autres. Et beaucoup de gens vont lire dans le journal ce qu’ils croient, pour avoir confirmation de leurs croyances. Ils vont chercher des arguments dans leur média pour justifier leur vision du monde.” Ça, c’est exactement le biais de confirmation. Le choix d’un journal, d’une émission télé ou radio peut venir de ce biais. Et ça participe du fait que tu risques de rester dans ta bulle d’information, parce que ton cerveau s’y sent bien, que ce que tu écoutes, regardes ou lis correspond à ta pensée. Et donc quand tu échanges sur un sujet, il peut être difficile d’entendre un point de vue différent du tien. 

🧠 La solution ? N’hésites pas à lire des journaux ou écouter des émissions qui vont contre ta pensée, qui confrontent ton opinion. Ça musclera ton esprit critique, et ta qualité à débattre ! Pour cela, Flint peut-être un bon outil, si tu t’abonnes à un robot ici. 

Ce matin, on laisse la plume à Nicolas Hervé, chercheur en informatique à l’Institut National de l’Audiovisuel. Il nous présente les premiers résultats d’une étude au long cours sur la manière dont les médias audiovisuels parlent des différents candidates et candidats à la présidentielle.

“Si t’es pour le nucléaire, t’es inconscient, c’est hyper dangereux pour la population et la planète !”, “Si t’es contre, t’es complètement à l’ouest, comment veux-tu qu’on arrête le changement climatique !” On est pas bien là, bloqués dans un faux dilemme qui empêche toute réflexion ? Le faux dilemme est un sophisme, comme ceux que critiquait Aristote. C’est une logique argumentative qui bloque le débat : t’es pour, t’es avec moi, t’es contre, tu es contre moi. Sauf que la vie est plus complexe que cela et que laisser la place à la nuance permet aussi d’ouvrir de belles pistes de réflexion. Pour les cultiver, l’imagination est ta meilleure alliée puisqu’elle permet d’esquisser de nouvelles alternatives.

Et toi, tu as d’autres exemples de faux dilemmes fréquents dans l’actu qui mériteraient qu’on se penche dessus ?

❓ Qu’est-ce que Telegram ? C’est un service de messagerie, lancé en 2013 par les frères russes Durov. Le cadet, Pavel Durov, est un acteur de la résistance face à Vladimir Poutine. Il présente Telegram comme un outil particulièrement sécurisé, et figure de l’indépendance numérique en Russie. 

🦾 Une sécurité vraiment solide ? Un service de messagerie est sécurisé grâce au chiffrement des données, c’est-à-dire que personne ne peut avoir accès à vos données, à moins d’avoir accès à votre téléphone. Contrairement à Whatsapp ou Signal, qui ont implanté ce chiffrement par défaut, sur Telegram ce n’est qu’une option, que l’utilisateur peut activer ou non, s’il en a connaissance. 

👥 Telegram, une application “sociale” ? L’utilisateur de Telegram peut rejoindre des conversations publiques, les chaînes, ou des salons privés, sur invitation. En profitant des dernières polémiques autour de Meta, Telegram rassemble aujourd’hui plus de 500 millions d’utilisateurs, dont 41% sont des femmes. 

👮 Telegram et modération, quels enjeux ? La confidentialité qu’offre Telegram est la bienvenue chez les militants de tous bords, chez les journalistes, ou tout autre profil nécessitant de prendre un soin particulier de ses échanges. Les fonctionnalités de Telegram, notamment les groupes privés, réduisent les capacités de modération, ce qui pose problème dans de nombreux pays : en Chine, en Iran, en Russie, à Hong-Kong ou en Biélorussie. 

🗯️ Quelles critiques envers Telegram ? Le manque de modération entraîne également des dérives sur des groupes privés. Certains y échangent des contenus violents voire terroristes, illicites (pédopornographie, revenge porn, piratage informatique, drogue). De plus, plusieurs événements ont montré que la sécurité de Telegram n’était pas si infaillible que ça. 

⚖️ Modération d’une messagerie, paradoxale ? Pour Pavel Durov, Telegram doit être un “outil de résistance” pour échapper au contrôle judiciaire et fiscal des États. Les groupes privés n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque modération, même lorsque ceux-ci atteignent des centaines de milliers de membres. Et Pavel Durov s’est toujours montré très prudent sur la modération des chaînes publiques.